Par Jesus ZUNIGA
Traduit de l’espagnol au français par Sylvère Forge
Depuis 1948 les Palestiens vivent condamnés à une humiliation perpétuelle. Ils ne peuvent pas respirer sans permission. Ils ont perdu leur Patrie, leurs terres, leur eau, leur Liberté : ils ont tout perdu.
La voix étouffée.
Au milieu de 1985, une délégation d’élus nationalistes palestiniens expulsés de Cisjordanie par les autorités militaires israéliennes, foula pour la première fois un des sièges de l’Organisation des Nations Unies : celui de l’UNESCO à Paris.
Les élus nationalistes, également surnommés les « notables palestiniens », confiaient pouvoir rassembler un flux d’opinion favorable chez les habitants des territoires occupés par l’état israélien depuis la guerre de 1968.
Les élus avaient résumé devant la presse internationale les exigences des Palestiniens : « Nous voulons un pays, un drapeau, un passeport ». Les représentants de Tel Aviv leur répondirent laconiquement : « faut pas rêver ». Trois ans plus tard un état palestinien fut proclamé à Argel par l’Organisation pour la Liberté de Palestine (OLP).
L’absence de solution au conflit israélo-palestinien, depuis plus de quarante ans d’occupation, « continuera d’affecter la réputation de l’ONU et d’éveiller des doutes sur son impartialité », avait déclaré/exprimé en son temps l’ex-secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan. Il disait vrai.
Depuis 1948, les palestiniens vivent condamnés à une humiliation perpétuelle. Ils ne peuvent pas respirer sans permission. Ils ont perdu leur Patrie, leur terres, leur eau, leur liberté : ils ont tout perdu.
Des abus à l’absurde.
Au Petit matin du 28 novembre 2013, les forces armées israéliennes firent irruption au domicile de la famille Al-Majid à Jérusalem, avec l’ordre d’interpeller Mohamad Al-Majid.
Sans montrer de résistance, le père de la famille Zine Al-Majid objecta qu’il ne comprenait pas le motif de son arrestation. Devant la dureté des militaires, et convaincu que la situation pouvait dégénérer, il ne restait pas d’autre possibilité à cet homme que d’accepter son arrestation et de demander à l’officier en charge de l’opération militaire, si lui et son fils pouvaient tout de même emporter « du lait et des couches jetables », ainsi que « le stricte nécessaire». Son fils, endormi à ce moment-là, et qui allait être arrêté pour constituer une menace à la sécurité de l’état israélien, était âgé de quatre ans.
Selon les données de l’ONU, entre 500 et 700 enfants âgés de 12 à 17 ans sont arrêtés, interrogés et emprisonnés chaque année par l’armée israélienne. D’après ces mêmes informations, ce chiffre avoisinerait sur la dernière décennie les 7000 mineurs incarcérés.
Pour les libérer, les autorités leur demanderaient de signer une confession écrite en hébreu, que ceux-ci ne parlent pas.
Que fait la communauté internationale ?
Aucune autre cause n’a demandé à l’ONU autant de consommation de papier que la cause palestinienne. Des centaines de résolutions la concernant n’ont jamais été respectées, ou encore moins appliquées.
Jamais les décisions et les mécanismes de l’ONU ne se sont vus autant embourbés que pour le cas palestinien. Les efforts pour neutraliser l’intervention des Nations Unies dans ce conflit ont toujours été orchestrés par les États-Unis.
Washington a voté plus de quarante résolutions au Conseil de Sécurité de l’ONU à l’encontre d’Israël, dont certaines d’entre elles ont été rédigées par ses propres alliés européens.
Un regard rapide sur la situation actuelle au Moyen-Orient, laisse transparaître que toutes ces obstructions étaient à l’encontre des intérêts de tous les partis, et n’ont conduit ni à rétablir la paix, ni la sécurité dans la région. Plus de la moitié des 690 résolutions adoptées par l’Assemblée générale entre 1947 et 1990 ont été tout simplement ignorées.
L’ONU est intervenue directement pour résoudre tous les conflits postérieurs à la Guerre froide : en Bosnie, au Kosovo, en Somalie, au Koweït, en Irak, en Afghanistan, en Iran, et plus récemment au Liban, au Sud Soudan et en Syrie.
Mais rien n’a été fait concernant le problème palestinien.
Seulement après une série d’échecs répétés, les États-Unis permirent que l’ONU participe au processus diplomatique de Paix, tout en étant incluse uniquement comme partenaire minoritaire dans le Quatuor dénommé, instance de médiation internationale incluant l’Union européenne et la Russie.
Au cours des quatre dernières décennies, Israël a violé toutes les résolutions relevant du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui « déplorent » toutes les mesures israéliennes visant à modifier les caractéristiques physiques, la composition démographique, et la structure institutionnelle de la Palestine et des autres territoires arabes occupés depuis 1967, incluant Jérusalem.
Israël n’a également pas tenu compte des dizaines de résolutions des Nations Unies, qui l’« exhortaient », l’« incitaient » ou lui « recommandaient » de changer sa politique, et qui condamnaient ses attaques et la construction de colonies juives sur les territoires palestiniens, tout comme l’occupation militaire et la déportation.
Paradoxalement, l’État d’Israël fut créé par une résolution de l’ONU en faveur de la partition de la Palestine en 1947. Israël fut acceptée comme membre de l’Organisation des Nations Unies encore naissante, à la condition de respecter le retour des réfugiés palestiniens.
Un Printemps Palestien ?
Le 11 novembre 2004, Yasser Arafat (Abou Ammad), premier Président palestinien, fondateur de l’OLP et Prix Nobel de la Paix 1994, décéda en France à l’Hôpital militaire Percy, à l’âge de soixante-quinze ans. La cause de sa mort a toujours été accompagnée de soupçons d’empoisonnement au polonium 210, et les services secrets israéliens(Mossad)ont été accusés d’être derrière cette opération.
Cette semaine-là, Tawfiq Tirawi, président de la commission d’investigation créée pour mettre en lumière les véritables causes de la mort du leader historique, a assuré que « très prochainement » les personnes responsables de la mort de Yasser Arafat seraient identifiées.
« Je promets que la prochaine conférence de presse sera la dernière, et que quiconque qui a participé de près ou de loin à cette affaire verra son nom dénoncé au grand jour », a déclaré Tirawi à la chaîne de télévision PALESTINE TODAY.
A Paris, la veuve d’Arafat a également dit qu’un membre du cercle le plus proche du dirigeant défunt était responsable de sa mort, ce qui n’a fait qu’accroître la tension entre les différentes factions palestiniennes.
Fervent défenseur des Printemps arabes de toutes formes, et ennemi juré des « obstacles sur le chemin de la paix », Barak Obama- qui a plaidé en 2010 depuis la tribune des Nations Unies pour qu’ « …un nouvel état palestinien puisse assister à la prochaine assemblée générale… »- est celui qui aujourd’hui clame haut et fort la nécessité d’adopter une posture « plus prudente ».
Serait-ce la nécessité d’assurer plutôt au Parti démocrate les millions de votes de l’électorat juif aux prochaines élections nord-américaines ?
Il y a quelques années à La Havane, un sénateur démocrate américain bien connu, Christopher Dodd, nous a confessé (avec toujours cet humour qui le caractérise), à nous autres, quelques journalistes indépendants cubains réunis autour de lui, que : « …si le lobby juif ou cubain à Washington nous ordonne de nous jeter par la fenêtre, la question ne saurait être ”’pour quelle raison ?”, mais plutôt ”de quel étage ?”… ».
Aujourd’hui c’est partie de l’Histoire ! . L’Autorité Nationale Palestinienne dispose déjà d’un siège de membre permanent à l’UNESCO et a présenté officiellement auprès de l’Assemblée générale des Nations Unies sa demande d’entrée en tant que nouvel état indépendant.
Les « notables palestiniens » de 1985 qui se rendirent à Paris ont désormais disparu. Les habitants de Cisjordanie et de Gaza possèdent d’ors et déjà un drapeau et un passeport. Qu’en est-il d’un état ?…
Les Palestiniens rêvent encore.