Un poème de Rana ZEID.
Traduit de l’arabe au français par Dima Abdallah.
La fleur sauvage que j’aperçois sur ton visage,
Comment la cueillir de ma bouche
Sans devenir sauvage ?!…
J’ai besoin de quelques illusions
Pour que la nuit soit plus courte,
Je frotte ma main pour la millième fois
Avant de l’ouvrir à la pluie,
C’est qu’au matin
Je me préparerai pour mon enterrement
Comme je le voudrais
Et non comme il sera.
Une seule feuille est tombée,
Ni plus ni moins,
De l’arbre,
Je la regardais
Comme si elle était tout ce qui fut,
J’ai su que le vent léger,
A décidé son sort,
Qui suis-je alors pour repousser le vent de ma main ?
Ici
La silhouette de Tina Modotti,
Et l’ennui, et une eau froide,
Un disque qui t’est laissé,
Et Catherine chante en espagnol,
Alors que Vincent joue bien pour les fantômes passés.
Mes mains sont ensanglantées
Des épines,
Mes mains sont ensanglantées,
Et je saigne.
Personne entre moi et l’hémorragie !
Le faon blessé / mange de mes lèvres
Le faon blessé / met la main dans mes cheveux / et vole,
Et personne pour faire coaguler le sang du bout du doigt.
Je dois passer,
Sans le moindre regard
Sur le tombeau derrière moi,
Il est pour celui qui ne m’a pas connue
Et à mes bienaimés aussi.
Que le monde prenne ce qu’il veut de moi
Des faibles et des misérables,
Qu’il prenne ma vie pliée
Telle une feuille
Inutile,
Dans la poche
D’un mort humide et raide,
Mais ce n’est pas juste
Il n’est pas juste,
Que le tyran lace
Ses chaussures le matin,
Avec des mains qui ne sont pas les siennes.