[Par John CHITAMBO LOBE]
La journée internationale pour la démocratie, invite tous les leaders politiques du monde entier à écouter, à respecter les valeurs et les principes de la démocratie et à répondre avec loyauté aux peuples qu’ils dirigent, soit en s’exprimant directement au peuple soit à leurs représentants élus par le peuple.
L’Assemblée Générale des Nations-Unies, aujourd’hui, encourage tous les gouvernements du monde entier, à promouvoir les valeurs, les principes et les programmes de la démocratie dans leurs pays.
Elle a décidé que le 15 septembre de chaque année soit la date réservée pour: « la journée internationale de la démocratie » (ou en Anglais: International Day of Democracy). Le thème pour cette année 2014 est : « Engager les jeunes gens dans la démocratie« . Ce thème a été choisi suite aux manquements d’engagement politique des jeunes gens pour la démocratie, ces dernières années et ce, un peu partout dans le monde entier. Alors, il faut mobiliser les jeunes gens démocratiquement et politiquement afin qu’ils soient responsables dans le fonctionnement des affaires de l’Etat et dans leur pays et qu’ils prennent au sérieux les affaires politiques et publiques de leurs pays. Il faut également faire participer les jeunes gens au développement politique de la démocratie de leur pays et les informer, en tant que jeunes engagés, sur les risques, les profits et opportunités existant dans le processus de la démocratie de leur pays.
L’épanouissement, le progrès et le développement de la démocratie à travers le monde actuel est une réussite significative. A notre époque, presque dans tous les pays du monde, le peuple veut le système de la démocratie, c’est à dire le pouvoir du peuple : « pour le peuple et par le peuple ». Malgré cela, il y a encore beaucoup à faire pour le développement de la démocratie dans de nombreux pays du monde ; par exemple, là où la démocratie est plus jeune, camouflée ou masquée par la dictature et vraiment menacée par des leaders politiques égoïstes qui ne veulent pas partager le pouvoir démocratiquement mais qui veulent rester au pouvoir, avoir un pouvoir à vie comme des rois et des princes, et cela , surtout dans les pays africains, au proche et moyen orient, dans les pays asiatiques et dans quelques pays d’ Europe et d’ Amérique.
Le monde change, évolue, tout doit changer politiquement, socialement, économiquement culturellement. Les époques de dictature, de coups d’état militaires sont révolues. Tous les Etats du monde et leurs leaders politiques doivent pratiquer les valeurs et les principes de la démocratie dans leur pays et cela au profit du peuple. Ils doivent mettre fin aux rébellions militaires, au terrorisme, aux invasions frontalières, aux combats inter- gouvernementaux entre les différents pays, ainsi qu’aux discriminations socio-politiques ou religieuses et ce, pour un monde démocratique.
La démocratie est une valeur universelle basée sur la libre expression de la volonté du peuple pour déterminer son système politique, économique, social et culturel et sa participation complète à tous les aspects de sa vie.
Ces valeurs et ces principes forment un pouvoir basé sur la loi et exercé sous le respect des droits humains et de la liberté fondamentale pour tous. La démocratie est donc un gouvernement qui respecte les droits humains et la liberté fondamentale du peuple, qui promeut et accomplit ses promesses afin de permettre à son peuple de vivre dans la dignité.
Le peuple doit prendre part aux décisions qui touchent sa vie. Les femmes sont en partenariat avec les hommes dans le domaine des affaires politiques.
Tout le monde est libre de s’exprimer sur la race, l’ethnie, la classe sociale, le sexe, l’âge, … Les valeurs et les principes que tout le monde doit suivre pour une grande participation sont : l’égalité, la sécurité et le développement humain.
Les jeunes sont l’avenir de ce monde. Dans ma langue maternelle, le Bemba, en Zambie, on dit: « Imiti ikula impanga » qui veut dire tout simplement que ce sont les jeunes qui feront le monde de demain. La majorité de la population du monde entier est constituée de jeunes âgés de15 à 25 ans. Ils doivent être éduqués, formés et être préparés politiquement et démocratiquement pour être dirigeants ou leaders du monde de demain. J’ai interviewé quelques jeunes résidents : étudiants, demandeurs d’emploi, jeunes exilés au centre France Terre d’Asile et à la préfecture de police de Paris. Tous ces jeunes proviennent de différents pays du monde, vivent en France ; certains sont à la recherche d’un travail, dans les rues de Paris, dans les fameux quartiers Château Rouge et Château d’Eau ; d’autres sont étudiants dans différentes universités de Paris, je les ai rencontrés à la bibliothèque national François-Mitterand. Ils m’ont fait part de leurs différentes opinions sur le manque d’engagement démocratique dans leur pays. Voici ce qu’ils m’ont rapporté : Dans beaucoup de pays en voie de développement dont ils sont issus la politique n’est pas une affaire de jeunes car ils risquent leur vie ; en Afrique, en Asie, au Proche Orient, au Moyen Orient, les jeunes sont souvent sous évalués. La politique n’est pas pour les jeunes, ils ne sont pas assez mûrs ou sages pour être de bons dirigeants. Il y a une vraie discrimination politique à l’égard des jeunes; ceux qui sont au pouvoir ne leur donnent pas la chance ni de s’exprimer, ni de prendre part aux affaires et fonctions publiques de leur pays. Ils sont seulement utiles, comme militants de partis politiques lors de manifestations. Pendant les campagnes politiques, lors d’élections, on leur fait de fausses promesses dans le but de gagner les élections. Après la victoire, ils sont oubliés, complètement dans la misère, dans la rue sans travail malgré leurs qualifications, leurs diplômes : licences, masters ou doctorats. C’est le chômage. Souvent ils sont utilisés seulement dans les propagandes pour gagner le pouvoir, dans des rébellions, des guerres civiles; parfois ils sont recrutés de force au profit de vieux dirigeants au pouvoir qui écartent souvent les jeunes sous prétexte qu’ils manquent de sagesse pour diriger. Les jeunes sont intimidés par les vieux leaders politiques et s’ils essaient de s’exprimer contre leurs dirigeants ils sont frappés, arrêtés, emprisonnés, envoyés en exil et même tués. C’est pourquoi les jeunes ne s’intéressent plus à la politique ou aux affaires du gouvernement juste parce que la démocratie ne marche pas dans leur pays. Ils ne profitent en rien de la démocratie et la politique met toujours leur vie en danger. Rien ne change, ils ont peur, sont découragés pour s’intégrer dans les affaires politiques de leur pays. La conséquence de tout cela est qu’une majorité de jeunes gens vivent dans la pauvreté totale et toujours en conflit avec leur gouvernement. Dans beaucoup de pays du monde, l’espoir des jeunes gens dans la politique diminue avec le manque de participation aux élections.
Au Zimbabwe, le président Robert Mugabe au pouvoir, ne veut pas donner la chance aux autres. Chez moi, en Zambie, dans ma langue maternelle le Bemba: »Insansa ku chinjana » signifie : « dans la joie, il faut échanger et donner la chance aux autres ». Au Zimbabwe, les soi- disant élections démocratiques menées dans ce pays, ne sont pas crédibles et justes. Elles sont corrompues, truquées. Les opposants politiques sont arrêtés, mis en prison, frappés, menacés de mort ou parfois même tués. Cela n’est pas la démocratie.
Cette journée internationale donne encore une nouvelle opportunité de revoir le progrès, le développement et l’état de la démocratie dans le monde entier ainsi que de juger le comportement des différents leaders politiques au pouvoir. Sont-ils démocrates ? Ont- ils respecté les valeurs et les principes de la démocratie pendant leur mandat politique? Allons- nous les réélire prochainement ? Cela permettra de renforcer les principes de la démocratie dans le monde et dans nos pays et de mettre fin à la tyrannie ou la dictature de certains de nos leaders politiques .
En ce qui concerne l’instauration de la vraie démocratie dans nos différents pays, c’est un processus qui demande beaucoup d’efforts et de volonté au niveau national et international. C’est seulement avec la participation complète de tout le monde qu’on pourra changer quelque chose dans nos pays sans oublier bien sûr le soutien de la communauté internationale, des gouvernants et des gouvernés, de la société civile et des individus, afin que l’idéal démocratique se réalise et que tout le monde (jeunes et vieux) se réjouisse.
Les liens entre la démocratie et les droits humains sont dans les articles suivants de la déclaration des droits de l’homme: Toute personne a droit à une nationalité (Article 15). Toute personne a droit à la liberté d’opinion et d’expression (Article 19). Toute personne a droit à la liberté de réunion et d’association pacifiques (Article 20(1). Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l’intermédiaire de représentants librement choisis (Article 21 – 1). Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d’égalité, aux fonctions publiques de son pays (Article 21 – 2). La volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics; cette volonté doit s’exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement au suffrage universel et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote (Article21(3). Toute personne a le droit d’élire un leader de son choix (Article 25). Toute personne a le droit de voter et de la liberté d’expression (Article 19). La démocratie élimine toutes formes de discriminations sociopolitiques contre les femmes et elle assure une égalité de pouvoir avec les hommes, celle de voter et d’être élues, de participer à la vie publique et de prendre des décisions (Article 7).
En conclusion, dans beaucoup de pays du monde, les femmes et les jeunes gens sont toujours sous représentés en tant qu’élus, c’est une des raisons pour lesquelles ces pays échouent. Il faut répondre aux échecs et aux besoins des jeunes et des femmes pour protéger leurs droits.