[Par Larbi GRAÏNE]
Paris a dansé et chanté à gauche ce week-end à l’occasion de la fête de l’Humanité (du 12 au 14 septembre 2014). L’événement tout aussi coloré et grandiose que lors des précédentes éditions a drainé des foules immenses. Le site retenu pour cette manifestation gigantesque, – le Parc départemental Georges Valbon de la Courneuve -, a été aménagé sous forme de village planétaire reflétant à la fois la dimension internationale des mouvements de gauche et l’enracinement dans la société française du PCF (Parti communiste français) et des mouvements qui lui sont proches. En moyenne 200 000 visiteurs par jour s’y sont rendus. Politique et musique, commerce militant et tout le côté théâtral qui va avec, se sont donc mêlées en un étrange accouplement.
Tout l’imaginaire à la Karl Marx et Engels a été convoqué. Sur le fronton des chapiteaux, on pouvait lire des mots d’ordre tels que « Vivre comme un arbre, sauf et libre, vivre en frères comme les arbres d’une foret, ce rêve est le nôtre ». « L’unité des travailleurs, solidarité des peuples », « Non au traité transatlantique », « Liberté pour tous les prisonniers politiques en Iran ». Le cas de la Palestine encore d’une brûlante actualité, a trouvé une large place dans cette manifestation. Idem pour Cuba. Bref beaucoup de partis et de mouvements de libération de part le monde ont été conviés y compris le Polisario. « Un tel événement est important pour nous, car c’est le moment où jamais où il faut raffermir la solidarité internationale, et engager des contacts avec les différentes délégations » affirme Noel Murphy, membre du parti communiste irlandais qui paraît très remonté contre le « pouvoir très réactionnaire » des deux Irlandes. Pour ce représentant palestinien qui a participé à un meeting de soutien au peuple de Gaza « les forces de l’exil nous les avons transformées en compagnons de liberté avec pour seule perspective une Palestine libre ». Et celui-ci de rendre hommage à Fernand Tuil « qui a compris l’importance de ces camps de réfugiés palestiniens lieux de désespoir, transformés par notre volonté en souffle d’espoir pour l’ensemble de notre peuple, comme il a compris l’importance du combat pour les prisonniers palestiniens qui vont nous mener une fois libre vers la libération ». D’après lui « Mandéla était déjà libre dans sa cellule, il fallait juste un peu de temps pour s’en rendre compte ». Et d’asséner « Merouane al-Berghouti est libre dans sa cellule ». De son côté Jacques Milhas, membre de la rédaction de « Cuba Si FRANCE » dénonce « l’omerta des médias » sur le cas des trois Cubains emprisonnés par les États-Unis. « ce sont des gens (les 3 prisonniers, NDLR) qui n’ont jamais fait du mal à personne puisqu’ils n’ont jamais porté une arme, ni une grenade, ni quoi que ce soit. Ils étaient simplement infiltrés dans les commandos anti-castristes en Floride pour prévenir sur les attentats qui se préparaient contre le peuple cubain » soutient-il. Pour le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui était apparu sur une tribune dédiée au pays de Fidel Castro, Cuba « n’a pour elle que la solidarité de son peuple ». Et d’exprimer « notre profonde estime, amitié et solidarité avec Cuba socialiste ».
Pour Mélenchon « l’empire a fait de Cuba non seulement la cible d’une règle inexpugnable qui se poursuit avant même que les condamnations de l’ONU se succède l’une derrière l’autre contre l’embargo qui est fait contre ce petit peuple ». Pourfendeur à souhait des Etats-Unis, le dirigeant du Parti de gauche s’en prend non sans ironie au « droit que s’attribuent les Américains face au monde entier afin de punir les autres peuples comme ils punissent leur propres ressortissants qui ne respectent pas l’embargo ». Concentrant ensuite ses attaques contre le pouvoir français, Mélenchon fustige Hollande en l’accusant de s’être soumis au diktat de l’Oncle Sam. « Il est stupéfiant de voir que le président de la république française, ait capitulé aussi vite lorsque la France a été condamnée par les États-Unis d’Amérique parce qu’elle avait fait des échanges en dollars avec Cuba » a-t-il accusé. Mélenchon est ovationné. Le stress convoqué par les discours politiques est vite absorbé par les diverses distractions. C’est l’atout de ce genre de manifestation. Quand on demande notre chemin pour sortir, on nous conseille de « prendre la droite, puis la gauche, encore la droite » mais il nous est rappelé qu’il faut toujours prendre la gauche », du moment que c’est la fête de l’humanité.