[Par Armand IRE’]
Il a fallu attendre 27 ans pour que l’auteur de l’un des putschs des plus sanglants que l’Afrique ait subi passe à la trappe de l’histoire. La rue burkinabé a eu raison du plus grand déstabilisateur de la région ouest africaine. Vendredi 31 octobre 2014, jour historique pour l’Afrique de l’ouest. Sommes-nous cependant sortis de l’auberge ?
C’est à Yamoussoukro district, capitale dans le centre ivoirien, région natale de son épouse Chantal que Blaise Compaoré après moult péripéties a posé ses valises après son départ du pouvoir. Officiellement, il a démissionné, mais nous savons qu’il a été contraint au départ par le peuple burkinabé qui est massivement sorti pour barrer la route à la modification de l’article 37 de la constitution de ce pays, modification qui devait permettre à l’ex-homme fort d’Ouaga de briguer un énième mandat présidentiel. Celui qui a soutenu le viol de la constitution ivoirienne pour permettre l’installation de son « protégé » au palais d’Abidjan n’a pas réussi à berner à nouveau ses compatriotes.
Pays en coupe réglée
Le « Beau Blaise » comme on l’appelle dans le milieu politique et diplomatique n’est pas monté sur le tapis rouge de manière décente. En octobre 1987, il est l’auteur d’un coup d’état qui emporte son meilleur ami et président de la république du Faso, l’inégalable et inoubliable capitaine Thomas Isidore Sankara. Compaoré poursuivra sa purge en envoyant au poteau pour fusillade ses compagnons Jean-Baptiste Lingani et Henri Zongo. Seul désormais aux commandes il accapare son pays qui constitue la base arrière de toutes les rebellions ouest-africaines. L’homme des basses besognes de la communauté internationale dans la région c’est lui, le pyromane-pompier qui déstabilise et devient ensuite médiateur. L’armée burkinabée est à ses pieds et les contestataires se retrouvent au cimetière avec l’aide de son cadet François Compaoré dont on aurait retrouvé des restes humains dans sa résidence lors de la chute du régime de son frère.
Les opposants et journalistes envoyés ad-patres, le Burkina en compte un bon nombre. Le plus célèbre est le journaliste Norbert Zongo qui a osé enquêter sur la famille Compaoré suite au meurtre inexpliqué de David Ouédraogo le chauffeur de François Compaoré. Le journaliste a été brûlé vif dans sa voiture en compagnie de trois de ses compagnons à quelques kilomètres de Ouagadougou. Les coupables n’ont jamais été inquiétés.
Parti… mais trop proche
Blaise Compaoré a quitté le Burkina-Faso, mais se trouve à un vol d’oiseau de la capitale burkinabée d’où il est parti avec 27 véhicules. Il a trouvé refuge chez quelqu’un qui lui doit beaucoup, Allassane Dramane Ouattara, l’actuel homme fort d’Abidjan. A Ouagadougou, la transition est chaotique, les proclamations, déclarations et autoproclamations se succèdent. Nul ne sait qui dirige véritablement le pays aujourd’hui. Des militaires fidèles à Compaoré ont pris les commandes de l’état sous la grogne de l’opposition. L’armée burkinabée est en train de voler la révolution du peuple au grand dam de l’union africaine qui somme les militaires de remettre sans conditions le pouvoir aux civils. Alors que plusieurs ivoiriens grognent et demandent le départ de Blaise Compaoré du pays et sa remise à la CPI pour son rôle supposé dans la crise ivoirienne, le nouveau locataire du « Giscardium » de la « villa des hôtes » de Yamoussoukro pense sans doute à tous ceux dont il a été le bras séculier pour de basses besognes et qui l’ont tous lâché aujourd’hui.
Rideau sur un éternel putschiste.