Neurologue et enseignant, le bruxellois d’origine congolaise Tharcisse Loseke fait partie des six candidats en compétition pour le poste de Secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Les présidents de l’organisation décideront en fin de ce mois à Dakar.
Une personnalité de la société civile à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie ? Le docteur Tharcisse Loseke y croit. Ce neurologue du Chirec de Bruxelles, qui enseigne aussi à l’Université libre de la même ville (ULB) compte défendre jusqu’au bout, sa candidature déposée en été au poste de Secrétaire général de l’organisation. C’est ce qu’il a laissé entendre jeudi à Paris, lors d’une rencontre avec la presse. Il souhaite ainsi pouvoir prendre le relai de l’ancien président sénégalais Abdou Diouf, qui après douze année à ce poste, ne rempilera pas pour un quatrième mandat.
M. Loseke sait que la compétition sera rude. Il devra en effet affronter cinq autres candidats, africains pour la plupart. Il y a ainsi Dioncouna Traoré, ancien président de transition du Mali (Afrique de l’Ouest). Mais aussi Pierre Buyoya, ancien président du Burundi, Henry Lopes, ancien premier ministre du Congo-Brazzaville, Jean Claude de l’Estrac, ex-ministre des affaires étrangères de Maurice. Et enfin, Michaëlle Jean, originaire d’Haïti et ancienne Gouverneure général du Canada, qui sera la seule candidate du Nord.
Mais il estime que plusieurs facteurs plaident en sa faveur. Il met ainsi en avant son engagement social. Alors que la plupart des autres candidats sont issus du monde politique, lui vient de la société civile. Il a toujours été un militant des droits de l’homme. Il fut en effet le co-créateur de la toute première association dédiée à cette question, dans l’ex-Zaïre. Et même s’il est quelque peu frotté à la politique, cela remonte à loin. Au début des années 90, il avait en effet accepté un poste de ministre dans l’éphémère gouvernement de transition au Zaïre de Mobutu, dirigé par l’opposant Étienne Tshisekedi. Il connait aussi bien les pays du Sud que ceux du Nord, pour avoir longuement exercé dans l’ex-Zaïre et en Belgique.
Par ailleurs, la situation au sein de l’OIF milite quelque peu en sa faveur. On imagine mal en effet qu’un Malien remplaçe un Sénégalais au Secrétariat général de la Francophonie. Dans le même ordre, la candidature de Michaëlle Jean se trouve handicapée par le fait que l’administrateur de l’OIF est québécois et a vu son mandat prolongé jusqu’en 2018. Si Mme Jean était élue, le Canada occuperait les deux postes clés de l’organisation. En troisième lieu, la République démocratique du Congo (RDC), son pays d’origine deviendra bientôt le principal Etat de l’espace francophone, et peut légitimement prétendre à un poste digne de son poids au sein de l’OIF. Enfin, Paris a indiqué que son candidat sera celui de l’Afrique.
Reste la question des soutiens. On sait que pour désigner le Secrétaire général de la Francophonie, les chefs d’Etats votent à huis clos. D’où l’importance d’avoir des soutiens parmi eux. Or, jusqu’ici, aucun président ne s’est publiquement déclaré en faveur du docteur Tharcisse Loseke. Pas même Joseph Kabila de la RDC, actuel président de l’OIF. Le candidat a toutefois rencontré le ministre congolais des Affaires étrangères. « Etant président de l’OIF, M. Kabila souhaite sans doute conserver sa neutralité. Ce qui ne signifie pas qu’il soit hostile à ma candidature », explique-t-il. Le docteur bruxellois espère aussi obtenir le soutien de la Belgique, son pays d’adoption. A Paris, il a indiqué qu’il rencontrerait dans les prochains jours le ministre fédéral belge des Affaires étrangères, Didier Reynders.
S’il est élu, Tharcisse Loseke compte appliquer à la lettre la feuille de route des chefs d’Etats. Il affirme aussi qu’il s’investira dans la continuité d’Abdou Diouf, en menant à leur terme les projets que l’ancien Secrétaire général aurait laissé inachevés. Mais surtout, il compte œuvrer dans le domaine économique. « Il faut que l’OIF soit beaucoup plus économique. Le Nord comme le Sud ont tout à gagner dans le renforcement de la coopération », déclare-t-il.
Les chefs d’Etats feront leur choix, lors du prochain sommet de la Francophonie. Ce sera à la fin de ce mois à Dakar, la capitale sénégalaise.