[Par Alareny BAH]
La violation de la liberté d’expression est un fait réel désormais connu de tous les citoyens guinéens. Ceux qui se hasardent à se lancer dans cette aventure trouveront sur leur chemin des difficultés importantes. Il ne se passe pas un seul jour dans ce pays sans que des attaques, menaces, agressions, violations de domicile ou assassinats ne soient signalés.
Le jeudi 6 novembre dernier un jeune du nom d’Abdourahamane Bakayoko entré en politique en 2012, dans un parti agréé et reconnu par l’État, et candidat à la députation en 2013, a vu son véhicule incendié par de jeunes incendiaires surexcités, à Labé, ville située à plus de 400km de la capitale Conakry. Le reproche qui lui était fait était d’avoir dénoncé les malversations et les positions ethniques de l’opposition et du pouvoir. Invité par une radio privée de l’ endroit pour débattre des sujets de la vie nationale, ce jeune homme d’une trentaine d’années et président du parti (les Démocrates Guinéens) a répondu à une question du journaliste en ces termes: le président de la république a un parti ethnique, il n’a de militants que dans son ethnie, et d’enchaîner : Cellou Dalein (chef de file de l’opposition) ne pourra jamais battre Alpha Condé (pdt de la rép) aux prochaines présidentielles car il n’a de militants que dans son ethnie et dans sa famille. Fin de citation. Voilà les propos qui ont fait déborder le vase.
Avant même que l’émission ne soit terminée, les locaux extérieurs de la radio furent encerclés voire attaqués par des jeunes se réclamant de l’opposition et du parti de Cellou Dalein. Comme le jeune leader ne sortait pas, la foule s’est emparée de son véhicule et y mis le feu. Le pouvoir, c’est à dire les autorités locales, au lieu de le protéger, a procédé à son arrestation pour outrage au chef de l’État. Actuellement, il est détenu à la gendarmerie régionale en attendant son procès. A la suite de cela, les magistrats de Guinée ont jeté leurs robes pour porter plainte contre trois radios privées de Conakry. Le 4 novembre, lors d’une réunion spécialement tenue pour la circonstance, l’association des magistrats a fait savoir que ces trois radios avaient critiqué à plusieurs reprises leur institution et traité leur président d’incompétent. Chose jugée intolérable. Elle a donc déposé plainte contre ces trois médias malgré la dépénalisation du délit de presse dans ce pays. Le 5 novembre, des commandos armés jusqu’aux dents ont fait une descente musclée jusqu’à l’intérieur même du tribunal pour mettre à tabac le juge de ce tribunal ; ils se sentaient forts du fait qu’ils étaient armés. Où est passé l’État de droit? En tout cas, voilà ce qui se passe dans mon pays.