[Par Larbi GRAÏNE]
Réunie à la Mairie du XVe arrondissement de Paris, l’association Forum France-Algérie (FFA) a appelé, jeudi 27 novembre 2014, à « effacer » le concept de diversité et à lui substituer celui de la « compétence ».
Le président du FFA, M. Farid Yaker a plaidé du reste pour l’élaboration d’une méthode permettant de « mesurer » la diversité en vue de la « faire disparaître ». Et d’arguer: « nous ne voulons pas avoir (en France, NDLR), des Arabes, des Chinois etc., car on est dans le métissage ».
Contrairement donc à ce que laisse entendre le slogan apposé au fronton de cette rencontre «La diversité des origines : une chance pour la France », le vocable diversité fait grandement polémique. Beaucoup lui trouvent des connotations avec des formes d’exclusion sociale. M. Khalid Hamdani, directeur de l’Institut Ethique et Diversité explique que la mesure de la diversité est absente en France. Selon lui la diversité est « ethnicisée de fait et non de droit », ce qui, a-t-il ajouté « pose de grands problèmes ». Il relève que 1800 procès pour discrimination ont eu lieu en Angleterre alors qu’en France il y en a eu aucun. « Selon une première lecture la France ne discrimine pas » a-t-il ironisé.
Des médecins étrangers pourtant utiles
Pour sa part le Dr Madjid Si Hocine a retracé le parcours de ces médecins étrangers dont 8000 praticiens algériens. Ceux-ci, malgré leur compétence et leur diplôme n’ont pas échappé à l’inégalité dans le traitement. Ces médecins étrangers venus combler le manque généré par la diminution du budget alloué à la santé publique, ont eu toutes les peines du monde à s’imposer. « Ils doivent prouver leur compétence mais quand cela est fait, on leur fait savoir qu’ils ne peuvent progresser dans leur carrière sous couvert que leur diplôme vient d’ailleurs » a-t-il déploré.
De son côté, développant au autre avis, Mme Nadia Hanni, fondatrice du Melting Book, a mis en exergue la percée de la diversité dans le 4e pouvoir (la presse) mais elle a exhorté les pouvoirs publics à rompre avec l’idée de talents. Idée qui, d’après elle, repose sur le lien unissant réussite sociale et origine raciale. Et Mme Hanni de défendre la diversité dans « ses côtés banals ».
Analysant le recrutement au niveau des entreprises, Mme Sonia Hamoudi membre du Conseil économique social et environnemental (CESE), a, pour sa part indiqué que « la diversité offre de grands atouts sous réserve qu’elle soit bien gérée ». « La mesure de la diversité se pratique dans l’entreprise » a-t-elle notamment souligné. Mais elle s’est montrée peu convaincue de la thèse selon laquelle la diversité s’est installée dans les entreprises. A ses yeux, la diversité est absente au niveau des élites.
« Je trouve très grave le fait que Najat Vallaud-Belkacem soit désignée ministre parce qu’elle est d’origine étrangère » a asséné un intervenant. Et d’ajouter que « si la diversité est un sujet, ça devient un problème ».
Au final, les participants au forum ont critiqué la représentation de la diversité dans le système politique et ont appelé les hommes politiques à revoir leur copie à ce sujet.