[Par Marie-Angélique INGABIRE]
La France a finalement signé la décision de déclassifier des archives de la présidence française sur le génocide de 1994. L’annonce de cette décision a coïncidé avec le premier jour de la semaine de la 21e commémoration du génocide des Tutsi, le 7 Avril 2015. La majorité de ces pièces sont des notes et des télégrammes diplomatiques.
Après une série de déclarations des autorités rwandaises qui accusent la France d’avoir participé au génocide via le soutien politique et militaire, le Rwanda accuse également la France d’une participation directe au crime commis contre les Tutsis pendant le Génocide. Dans un entretien à Libération, le président rwandais, Paul Kagame avait déjà affirmé en Avril 2014 que « la France comme la Belgique ont joué un rôle néfaste dans l’histoire de son pays et ont contribué à l’émergence d’une idéologie génocidaire ». Ces accusations se concentrent surtout sur l’opération turquoise menée par l’armée française pendant le génocide.
S’adressant aux membres de l’EGAM (European Grassroots Antiracist Movement) en visite au Rwanda au lendemain de cette déclassification, le président Kagame a déclaré qu’il faudra d’abord vérifier si ces archives n’ont pas été fouinées avant de croire en leur authenticité. Quant au ministre rwandais de la justice, Johnston Busingye, il avait déclaré à RFI que « La relation politique, diplomatique et militaire franco-rwandaise pendant la période 1990-1995, a été un domaine bien gardé … Peut-être que ce qui s’est passé à l’époque sera finalement révélé et permettra de faire la lumière sur de nombreuses zones grises ».
Le Rwanda met l’accent sur l’impact de l’Opération Turquoise et sur l’intensité du génocide ; il reste à savoir la réaction du Rwanda étant donné qu’aucune note ne mentionne cette opération d’une façon explicite.