[Par Diane HAKIZIMANA]
Le titre a toutes les allures d’un juron. Mais ce n’est pas ce qu’on croit parce que Gast, même si le mot signifie en Breton« putain » (excusez du gros mot), est un collectif qui lutte pour les droits des femmes. Plutôt féministe, Gast est basé dans le canton de Douarnenez, Finistère. Les féministes, on en a déjà vus. Toutefois, des féministes qui organisent un festival sur la sexualité, ce n’est pas fréquent! Et cela nous fait croire que décidément que Douarnenez est une ville à festivals!
Très jeune, le collectif Gast est né en décembre 2013. L’idée est venue de deux copines bretonnes, Camille et Lou Millour. De toute évidence donc, la lettre et l’esprit de ce collectif sont bretons. Le choix du terme Gast déjà explique la révolte de ces jeunes femmes qui, selon Camille, « voulaient parler de trucs qui les dérangeaient ». Mais la familiarité de ce terme (Gast) dans ce coin de France permet la visibilité de ce collectif.
Petit à petit le groupe s’agrandit et devient de plus en plus féministe. Très motivées, sans savoir forcément où cela pourrait les amener, les filles et garçons du Gast ont été toujours humbles en allant se ressourcer chez d’autres féministes plus sages, qui ont déjà vécu le sexisme avant eux. Gast est vivant à Douarnenez et organise plein d’activités centrées surtout sur les méthodes contraceptives et les droits des femmes. Mais l’activité qui a marqué les douarnenistes reste le festival sur la sexualité intitulée « Clitorik »; «l’on n’a pas voulu l’intituler clitoris, on a préféré clitorik car «rik» signifie en breton « pile poil » », explique Camille, l’une des organisatrices de cet événement. Inspiré surtout du film« Clito va bien » des années 1970, les filles et garçons groupés au sein du collectif affirment qu’elles voulaient parler tout simplement « du plaisir et des sexualités (au pluriel!)» à travers ce festival. Cet événement qui s’est avéré finalement plus comme un atelier d’échanges que comme un festival a donc abouti sur plusieurs échanges : « il n’y avait pas de tabou, les personnes présentes posaient toutes sortes de questions sur les sexualités et tout le monde est sorti satisfait», comme l’affirme Franck, un habitant de Dournenez. Ici, on se veut pluraliste et l’on prône le consentement.
Consentement, encore plus de consentement!
Organisé le 3-4-5 avril 2014 dans la Maison des Jeunes et de la Culture à Trégunc (entre Quimper et Lorient), cet atelier- festival avait pour but de changer finalement les relations humaines car le respect et le consentement en étaient les principaux thèmes. « Après 4 heures de débats, les gens sont sortis bouleversés dans la mesure où parfois, dans notre vie, l’on a été amené à forcer notre consentement ou celui des autres», nous confie Lou Millour, membre de Gast. Cette dernière indique que son organisation est partie de la sexualité pour parler de manière générale de la cohabitation entre les hommes, sans oublier sûrement leur première préoccupation qui reste la condition de la femme. « Nous avons eu un écho inespéré car l’on pensait que ça allait rester un truc local, mais c’est devenu régional, on a eu droit à une page dans la presse régionale», précise une des organisatrices. Même si, depuis les années 70-80, la condition féminine s’est remarquablement améliorée par rapport aux droits qui lui sont reconnus par la loi comme le droit de vote, le droit d’ avorter, le droit d’avoir son propre compte bancaire sans l’aval de son mari, etc. , les membres de Gast se veulent vigilants; « la femme a des droits c’est sûr, ça n’a pas forcément suivi dans l’esprit et dans la tête», reconnait Camille. D’où, selon son propos, il est évident de revenir sur ces acquis et sur bien d’autres libertés au risque de retourner en arrière.
D’autres thèmes devenus de plus en plus tabous ont été abordés dans cet atelier-festival à travers les films, comme nous le confient les organisateurs, comme la masturbation féminine, le « poli-amour », l’homosexualité, l’excision, l’éducation non sexiste, etc. un atelier sur l’auto- gynécologie a été lancé, ou des femmes médecins utilisaient des miroirs et des lampes pour aider les femmes à voir comment elles étaient faites à l’intérieur. « L’idée était de faire connaître aux femmes leur constitution. On s’est rendu compte que les hommes et les gynécos connaissent les femmes plus qu’elles-mêmes ne se connaissent», nous a précisé Lou Millour.
Lors de cet événement aussi, les membres de l’Association pour la Recherche et le Développement de la Contraception Masculine « ARDECOM » ont été invités pour les débats sur la contraception masculine. Seule association française créée dans les années 70 à s’y être intéressée. Les membres du Gast ont justement invité les représentants de cette association pour en parler. L’idée est qu’au sein de ce collectif breton mixte, il y ait une collaboration avec ARDCOM pour promouvoir la méthode de contraception masculine, dont le fameux slip « Remonte Couilles Toulousain ou Culottes chauffantes», qui est une contraception thermique et réversible. Les testicules sont maintenus dans une sorte de slip indolore à une température moindre pour permettre le ralentissement de la spermatogenèse. Gast compte organiser un autre festival en 2017. Tenez-vous prêts les gars !