[Par Jean Mati]
L’auteur du putsch de ce mois-ci au Burkina Faso, le général Gilbert Diendéré, l’homme de l’ombre, s’est affiché publiquement sans trop savoir pourquoi avant de se plier à la volonté du peuple burkinabé. Ce dernier ne voulait en tout cas pas du coup d’Etat au pays des hommes intègres. Qui était derrière les agissements de ce type mystérieux ? Pourquoi ce factotum du pouvoir Compaoré a pu faire ça ?
L’annonce de la prise du pouvoir par la force du général Gilbert Diendéré et de ses hommes, a provoqué de vive réaction. Personne ne pouvait cautionner un nième coup d’Etat à l’ancienne Haute-Volta, un pays qui a connu de nombreuses situations similaires notamment celles de 1983 et surtout de 1987, soldée par la liquidation du capitaine Thomas Sankara. D’emblée, ce coup de force a pu réveiller des sentiments d’angoisse et d’inquiétude. Le Burkina prenait en effet un autre virage pour tourner définitivement la page de l’épisode Compaoré. Fallait le faire. Fort malheureusement, cet imbroglio orchestré par le général Diendéré et les militaires de la direction du Régiment de la sécurité Présidentielle (RSP) de l’ancien Chef de l’Etat, n’avait qu’un seul but : arrêter le temps. En outre, empêcher la vérité de triompher.
Ceci nous pousse à analyser le comportement agité du putschiste Diendéré. D’abord le langage utilisé le jour de sa prise du pouvoir. On a constaté que son discours était creux et vide de tout sens. « Nous sommes passés à l’acte pour empêcher la déstabilisation du Burkina », a-t-il dit. Rien d’autre n’a été évoqué par le nouveau président. Dès lors, on pouvait comprendre que les motivations des putschistes étaient ailleurs. Ensuite, la manière dont les choses se sont passées, par exemple, le fait de neutraliser le président de la Transition Michel Kafando et le Premier ministre Isaac Zida. Des façons arbitraires qui ne font que renforcer l’image assez négative que traînent derrière eux les dirigeants politiques africains quant à leur façon de prendre le pouvoir par les armes. Franchement, ce fut un coup d’Etat de trop ! Le peuple burkinabé ne méritait pas un tel événement en dépit de la grande bataille révolutionnaire menée et remportée haut la main l’année dernière.
Par ailleurs, l’officier Gilbert Diendéré vient d’inscrire une nouvelle note dans son palmarès criminel en occasionnant la mort d’une dizaine des burkinabés. L’homme déjà connu pour son rôle majeur dans l’assassinat de Sankara n’a pas les mains propres. Sa petite phrase « Le putsch est terminé » apparaît comme une injure, une offense au peuple burkinabé. Quand l’Afrique va-t-elle finir avec ces démons et ces coups d’Etat ? A tous ces personnages qui n’accordent aucune importance au jugement de l’Histoire… quel sort faut-il leur réserver ?
Jean Mati