[Par Emile Zola NDE TCHOUSSI]
Ces deux entreprises françaises lancent une opération de levée de fonds pour financer ce projet ambitieux de lampadaire solaire. L’annonce a été faite lors d’un petit-déjeuner de presse tenu vendredi 20 novembre à Paris.
Pendant 90 minutes d’entretien avec la presse Thomas Samuel, le directeur général de Sunna design, s’est montré très convaincant et sûr de la réussite son projet. Il est parti d’un constat : « Aujourd’hui 600 millions [sur une population estimée à un milliard, Ndlr] de personnes vivent en Afrique sans accès à l’électricité. Pour permettre leur développement, leur accès à l’éducation, à la croissance économique et lutter contre l’exode rural, il est essentiel de leur procurer mieux qu’une lampe à kérosène. Le coût financier et écologique que représenterait leur raccordement au réseau électrique classique ne rend pas cette perspective possible ».
Pour remédier à cette situation, « une solution révolutionnaire » est donc proposée par deux entreprises, Sunna Design, installée près de Bordeaux et Lendophère, basée à Paris. La première citée amène la technologie innovante et la fabrication « Made in France », la deuxième apporte une solution de financement participatif, grâce à son expertise dans ce secteur d’activité : le crowdlending. Faut-il le rappeler, ces deux entreprises appartiennent au réseau Up Afrique, un groupement de 10 jeunes sociétés françaises persuadées que l’économie verte et les star-up (entreprises à fort potentiel de croissance et qui fait la plupart du temps l’objet de levées de fonds) peuvent dynamiser les liens humains et économiques entre la France et l’Afrique.
Le Nanogrid
Dans les faits, la solution proposée est un mini réseau électrique qui alimente quatre foyers à partir d’un lampadaire solaire. Complètement écologique et autonome, le Nanogrid (une box intelligente pour à la fois vous donner de la lumière et recharger votre iPhone) peut s’installer partout en quelques minutes. « Mieux, le Nanogrid est très fiable. Il ne demande qu’à être dépoussiéré, car il faut dix ans d’utilisation avant d’assurer sa maintenance ». Thomas Samuel explique également que les foyers qui y sont connectés bénéficient ensuite d’un service essentiel d’accès à l’énergie, pour éclairer l’intérieur des maisons et recharger de petits équipements électroniques comme les téléphones mobiles ou les radios. Les personnes intéressées par ce type de lampadaire solaire prépayent le service grâce à leur réseau téléphone mobile, « une utilisation très répandue en Afrique ».
De l’avis des promoteurs, ils ont, lors business plan, tenu compte du pouvoir d’achat des africains : « Il faut 100 000 euros (environ 65 500 000 Fcfa) pour équiper 500 foyers. Le coût d’installation des box par foyer s’élève à 200 euros (environ 130 000 Fcfa). Mais chaque foyer ne pourra débourser que 20 centimes d’euros (130 F Cfa) par jour, soit environ 4000 F cfa par mois. Mieux, ils auront trois ans pour payer ». Avec cette formule, les lampadaires solaires « Sunna Design » sont largement à la portée des familles africaines, même les plus modestes.
Frais de fabrication
A travers les images projetées lors du point de presse, l’on a pu se rendre compte que certains villages de la région de la Casamance au Sénégal sont déjà sortis de l’obscurité,avec ces lampadaires solaires modèles Sunna Design. Au Bénin, grâce à l’entreprise partenaire, Ecolabs, de Charles Agueh, les études pour l’implantation de cet ambitieux projet sont en phase de finalisation. En Afrique de l’Est et Centrale, et notamment au Cameroun, nos partenaires sont encore en phase de sensibilisation : « Il faut que les populations africaines démunies, en manque d’électricité, comprennent bien ce concept. Une fois qu’ils se seront connectés à notre réseau, ces populations comprendront qu’il est moins coûteux et écologiquement plus viable », précise un autre intervenant.
Pour satisfaire ces besoins, il ne manque donc que l’avance des frais de fabrication des lampadaires dans l’usine girondine. Pour y parvenir, Sunna Design compte sur un nouvel outil de financement d’avenir : le crowdlending. Au lieu de faire des dons, les particuliers prêtent à Sunna Design l’argent nécessaire à la fabrication des équipements, via le site www.lendosphère.com. Cet investissement leur est ensuite remboursé par Sunna Design, avec un taux d’intérêt annuel de 6% brut.
A l’image de Jean-Louis Borloo dont la Fondation Energies pour l’Afrique veut électrifier l’Afrique en 10 ans, le brillant Thomas Samuel a aussi rappelé que l’électrification de l’Afrique est aussi pour la France un nouveau marché en perspective. Un discours de mobilisation que ce jeune chef d’entreprise et ses principaux collaborateurs continueront à faire passer pendant la Conférence de Paris sur le climat du 30 novembre au 11 décembre 2015.