UNESCO : Sécurité des journalistes, les médias se mobilisent

[Par Johanna GALIS]

La sécurité des journalistes dans le monde inquiète. Les derniers des chiffres viennent de tomber et Reporters sans Frontières tire fortement la sonnette d’alarme.

Dans son bilan de l’année 2015 du nombre d’agressions, d’assassinats, et de kidnappings de journalistes dans le monde, l’organisation dénombre 54 journalistes portés disparus à la fin de l’année – dont légèrement moins de la moitié sont détenus en Syrie. 67 journalistes ont, eux, été assassinés. L’UNESCO et les Nations Unies ont pris progressivement conscience, et ce dès 1997 avec la condamnation du Directeur général de l’UNESCO, de l’impunité des assassinats de journalistes exerçant leurs fonctions pour la plupart dans des zones de hauts conflits politiques. Depuis, des directives ont été adoptées : en 2008, l’UNESCO soumet un rapport biennal sur la sécurité des journalistes et les dangers de l’impunité auprès du Conseil du Programme International pour le développement de la communication (PIDC). Plus récemment, en 2013, un Plan de Travail a été créé par l’exécutif de cette même organisation pour réfléchir à des solutions concrètes à mettre en place afin d’éviter que la situation ne s’aggrave.

(source: Unesco)
(source: Unesco)

Malheureusement, si l’on pouvait dresser un bilan de l’année 2015 – sur le quota de confiance que chacun pourrait placer en la politique sécuritaire de son pays, l’Occident lui-même – dont la France, qui a été frappée 2 fois par des attaques terroristes sur son territoire en l’espace d’un an – semble ne plus être un lieu sûr. D’où la nécessité pour l’UNESCO de créer une conférence de premier ordre, le 5 février dernier, sur la sécurité des journalistes vis-à-vis d’une violence qui s’installe un peu partout dans le monde. Son titre le souligne de manière significative « Les médias se mobilisent pour la sécurité des journalistes »: il s’agit de se fédérer pour faire changer les choses, et vite.

Préparer les journalistes pour les terrains hostiles
Trois tables rondes ont été tenues: l’une sur les bonnes pratiques des salles de presse pour garantir la sécurité de ses journalistes, la deuxième sur la sécurité des médias locaux, régionaux et communautaires, et enfin la troisième sur la sécurité des journalistes indépendants et des producteurs de médias sociaux. Plus de deux-cent représentants de médias (propriétaires, dirigeants et journalistes eux-mêmes) étaient présents sur place, ainsi que des ambassadeurs.

Larry Kilman, Secrétaire général de l'Association mondiale des journaux
Larry Kilman, Secrétaire général de l’Association mondiale des journaux (Source: blog.wan-ifra.org)

Des actions de premier ordre ont été suggérées: que les salles de presse garantissent les formations – physiques, psychologiques et mêmes d’outils numériques – de leurs journalistes pour les préparer à leur arrivée sur le terrain. Larry Kilman, Secrétaire général de l’Association mondiale des journaux et des éditeurs de médias d’informations a par ailleurs souligné d’une manière très juste : « Trop souvent les journalistes ne sont pas salués pour leur rôle de vigie », d’où la nécessité de médiatiser plus souvent les risques qu’ils encourent pour informer le grand public sur l’importance de leur métier dans la compréhension de notre monde actuel, et sur les dérives dangereuses dont ils peuvent être les victimes. Pourquoi ne pas fournir aux grands acteurs des médias une plateforme pour parler de la sécurité de leurs journalistes? Et à l’échelle de ce que le journaliste peut faire une fois sur place – mieux se renseigner auprès des forces de sécurité présentes, des associations locales, pour mieux saisir les risques du terrain. Des institutions gouvernementales doivent agir de pair avec les médias pour permettre d’enquêter de plus près sur les crimes commis, et la création d’une commission nationale serait la bienvenue.

(Source: Wikimédia)
(Source: Wikimédia)

La conférence se termine sous le signe d’une véritable dialogue à l’échelle internationale sur les dispositifs nécessaires à la fin de l’impunité des crimes commis envers les journalistes dans le monde, tandis que de nombreux outils auront été proposés pour que les médias et l’UNESCO puissent développer pour eux un futur meilleur et plus sûr.

 

 

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