[Par Elyse NGABIRE]
Pas de répit pour les militants FNL fidèles à Agathon Rwasa. Depuis peu, une vague d’arrestations s’opère. Puis, ils sont retrouvés morts. Aimé Magera, porte-parole de M. Rwasa hausse le ton et accuse les jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure.
Nshakiye, militant du parti FNL, habitant la colline Bihara, zone Kanyosha dans la commune de Muha (en mairie de Bujumbura) n’est plus. Il a été assassiné dans la nuit de ce mercredi, 17 février. Prosper Ndumbuye, également du même parti, lui, a échappé de justesse à l’attaque opérée contre sa personne le même jour. Grièvement blessé, indique Aimé Magera, porte-parole d’Agathon Rwasa, l’un des grands opposants de Bujumbura, M. Ndumbuye se fait soigné dans un lieu tenu secret : « Nous évitons que ses bourreaux ne viennent l’achever sur son lit d’hôpital comme cela se passe souvent lorsqu’une victime échappe dans ce cas. »
Pour le porte-parole, la mort de M. Nshakiye rappelle ceux des milliers de militants Fnl assassinés depuis la prise du pouvoir par le parti Cndd-Fdd en 2005 : « Décembre 2015, quatre fidèles à
M. Rwasa ont été descendus par des Imbonerakure qui tenaient une barrière accompagnés par la police d’un bus chez Iwabo n’Abantu (café appartenant au défunt général Nshimirimana sur la route Bujumbura Bugarama) et leurs cadavres ont été retrouvés quelques jours en état de décomposition. Or, les hautes autorités de la police ont été bien tenues au courant mais n’ont rien fait pour secourir ces militants.»
Magera pointe du doigt les jeunes du parti au pouvoir. Pour lui, ils se font passer pour des forces de l’ordre et de sécurité et procèdent aux arrestations des militants du Front National de Libération (Fnl), considérés comme leurs véritables challengers. Après, déplore Aimé Magera, ils sont retrouvés morts. Il s’interroge: « Pourquoi ce sont les Imbonerakure qui arrêtent les gens dans les collines et sur les barrières sous la supervision de la police ? Pourquoi certains véhicules de la police ne portent pas de plaques d’immatriculation ? Où est la quadrilogie (Population-administration-force de l’ordre-justice) tant chantée par Alain Guillaume Bunyoni, ministre de la sécurité publique ? Les Imbonerakure, représentent-ils tout ce monde qui constitue la quadrilogie ? »
Pour rappel, la plupart des jeunes arrêtés, puis tués à Bujumbura, sont ceux que le pouvoir accuse d’avoir participé au mouvement « insurrectionnel » d’avril 2015 contre la troisième candidature de Pierre Nkurunziza, président actuel du Burundi.
Non au, deux poids, deux mesures
« C’est déplorable qu’un pouvoir se prétendant issu du peuple se comporte comme les anciens régimes dictatoriaux. Quand des gens revendiquent leur droit en manifestant pacifiquement, ils ne sont ni terroristes ni insurgés », précise-t-il.
Aimé Magera rappelle au système du Cndd-Fdd qu’à l’époque de la 3ème République du Major Pierre Buyoya, le mouvement Fnl, encore au maquis, l’a contraint à négocier sans succès : « C’est après la mort des milliers de Burundais qu’il a ouvert ses yeux. » Il se demande combien de morts faudra-t-il attendre pour que le Cndd-Fdd comprenne qu’il est grand temps si ce n’est pas tard de négocier ?
Pour Aimé Magera, pourquoi le pouvoir Cndd-Fdd continue à réprimer dans le sang un peuple qui a manifesté pour défendre ses droits, en laissant ses militants se la couler douce dans les rues du pays, en s’insurgeant contre le royaume de la Belgique, les Etats Unis d’Amérique et surtout du pouvoir de le pouvoir de Kigali accusé de s’ingérer dans les affaires du Burundi ?
Après onze ans de gestions chaotiques et d’assassinats ciblés, le pouvoir CNDD-FDD veut montrer son patriotisme et nationalisme ! Nul, poursuit le porte-parole, n’ignore que le Cndd-Fdd, financé depuis le maquis par le FPR (Front Patriotique Rwandais), parti du Général Paul Kagame, était son allié incontestable, désormais devenu ennemi juré depuis avril dernier : « Nous disons non à ce traitement deux poids, deux mesures. » S’il y a des différends entre le Burundi et le Rwanda, constate-t-il, ce n’est pas par la rue et insultes qu’il faut régler l’affaire : « Le recours diplomatique est le mieux indiqué au lieu de la provocation et diversion. Le problème reste burundais et la question du troisième mandat illégal est le nœud de la crise burundaise.»
Au cours des questions orales à l’Assemblée nationale ce jeudi, 18 février, le ministre de la sécurité publique était invité et Agathon Rwasa n’a pas caché son inquiétude face aux crimes de sang qui continuent à s’observer et surtout l’assassinat de ses fidèles. D’après le ministre de la sécurité publique, ce sont des malfaiteurs portant l’uniforme policier qui commettent ces forfaits.