[Par Makaila NGUEBLA]
Au Tchad, l’élection présidentielle est prévue pour le 10 avril 2016. Cette élection intervient dans un contexte politique, économique et social délétère marqué par des arrestations des responsables de la société civile et mouvements citoyens opposés à un 5ème mandat d’Idriss Deby.
Le 10 avril 2016, aura lieu au Tchad, l’élection présidentielle à laquelle prennent part 13 candidats dont le président sortant Idriss Deby au pouvoir depuis 1990.
Les Tchadiens sont conviés aux urnes le 10 avril prochain en faveur des candidats à l’élection présidentielle dans un climat politique, économique et social tendu.
Il convient de souligner que depuis 2015, le Tchad vit dans un climat politique difficile né du processus électoral contesté par l’opposition tchadienne qui soupçonne la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), organe en charge d’organiser l’élection présidentielle de jouer le jeu du Mouvement Patriotique du Salut (MPS). Les partis d’opposition au Tchad, ont dénoncé le manque de transparence au sein de la CENI au sujet du fichier électoral jugé peu fiable. Ils ont reproché au CENI d’avoir enrôlé des réfugiés soudanais et centrafricains vivant au Tchad en leur donnant des cartes d’électeurs pour voter en faveur du Président Idriss Deby.
À ce différend politique s’ajoute la crise économique et sociale qui s’aggrave dans le pays. Les travailleurs tchadiens réclament de l’État plusieurs mois des salaires restés impayés face à une cherté de vie galopante dans le pays.
Devant cette situation de plus en plus intenable, l’Union des Syndicats du Tchad (UST) et des organisations de la société civile se sont structurés en mouvements citoyens appelés « ça suffit », « Trop c’est Trop » et « IYINA » en arabe tchadien signifiant « on est fatigué » pour contester la candidature à un 5ème mandant d’Idriss Deby.
Ces mouvements citoyens reprochent au Président Idriss Deby, sa longévité au pouvoir, la mal gouvernance politique, économique et sociale des ressources du pays et la confiscation des libertés et le non-respect des droits humains.
C’est dans ce climat que l’opposition et les organisations de la société civile ont organisé des marches et des manifestations qui ont été systématiquement interdites ou violemment réprimées. Plusieurs leaders sont arrêtés arbitrairement et condamnés à six mois d’emprisonnement.
Au niveau international, les organisations internationales de défense des droits humains ont dénoncé les arrestations des responsables des mouvements de contestation et appelé à leur libération.
La France reste aphone face à la tension politique et sociale actuelle en cours au Tchad. Elle considère que le Président tchadien, Idriss Deby est allié précieux dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, ce qui fait dire certains observateurs que Paris reste dans une logique de compromission avec le régime tchadien.
Quelle que soit l’issue de l’élection présidentielle du 10 avril (bien qu’elle soit sans douté déjà jouée), Idriss Deby aura encore moins de légitimité aux yeux de son peuple.