[Par Khosraw MANI, envoyé spécial du Festival de Cinéma de Douarnenez]
C’est dans la province de Dersim, dans l’est de la Turquie, que des milliers de Kurdes Alévis furent tués par l’armée d’Atatürk entre 1937 et 1938. Pendant deux ans, les villages de la province furent intensément bombardés pour écraser une rébellion accusée de mettre en péril l’unité de la nation. Aux commandes des avions qui décollaient de Dyarbakir, il y avait la propre fille adoptive d’Atatürk, Sabiha Gökçen, première femme pilote turque.
Après le massacre, Dersim fut rebaptisée Tunceli, « la main de bronze », du nom de l’opération militaire, cette « mission de civilisation ».
Longtemps caché par les autorités d’Ankara, ce massacre est sorti de l’oubli il y a quelques années. Recep Tayyip Erdoğan s’est excusé au nom de la République en 2011, intimant le CHP fondé par Atatürk, son principal adversaire, à prendre ses responsabilités. Le bilan de ce massacre suscite toujours une vive polémique. Les autorités turques reconnaissent 13 500 morts, mais les historiens parlent de 30 000 à 50 000 morts.
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