[Par Khosraw MANI, envoyé spécial du festival de cinéma de Douarnenez]
Auteur de plus de vingt romans, plusieurs fois pressenti pour le Nobel de littérature, Yachar Kemal (1923-2015) est considéré comme l’une des principales figures de la littérature turque contemporaine.
Son univers romanesque plonge ses racines dans la terre, celle de la Cukurova, et la violence. La perte d’un œil et l’assassinat de son père devant lui quand il avait cinq ans ont assurément modifié sa perception du monde et son appétence pour la révolte et la quête de justice sociale, qui traversent toute son œuvre. Dans Mèmed le Mince (1955), son livre le plus célèbre, traduit en français par Münervrer Andaç et Güzin Dino, il raconte l’histoire d’un jeune paysan qui se rebelle contre l’oppression ottomane en s’enfuyant avec sa bien-aimée, que le chef du village veut marier à son neveu.
D’origine kurde, Yachar Kemal n’a eu de cesse de défendre les droits et la culture de son peuple. Un engagement qui lui a valu une vingtaine de procès et même une peine de prison ferme en 1995. Témoin de l’avènement de la république turque et de ses violences, Yachar Kemal était une sorte de Julien Sorel aux habits de Don Quichotte, ses deux héros, qu’il avait découvert en même temps que l’engagement.
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