[Par Frédéric ROY]
Au moins un sujet sur lequel la présidence socialiste nous aura permis de souffler. Avec le retour des présidentielles, le grand déballage sur l’identité nationale reprend. Avec lui tout un lot de propos conservateurs qui ravivent le « c’était mieux avant ».
Le fameux « c’était mieux avant » ne tient que pour l’équivalent français des WASP étasuniens. C’était, en effet, peut-être mieux avant pour les hommes de 30 à 50 ans, blancs et en bonne santé. Pour les femmes, les noirs, les handicapés, les juifs, les arabes et les homosexuels…, ce n’était sûrement pas mieux avant. Malheureusement, les décideurs et les politiques appartiennent encore en grande majorité à ceux pour qui c’était mieux avant. Ils nous servent donc de grands discours et voudraient qu’on débatte sur l’identité nationale, sur ces valeurs qui faisait de la France la grande nation qu’ils regrettent.
Il y a pourtant une chose dont on doit être sûr : c’est que l’identité n’est pas figée, rien ne sert donc de vouloir la définir puisque le temps qu’on le fasse elle aura évolué. Beaucoup peuvent, contraints ou non, changer de nationalité, d’autres de genre, de statut, de rôle et même d’origine. Etre né français puis grandir breton et vieillir européen est tout à fait envisageable. Alors les conservateurs rétorqueront que l’identité nationale n’est pas la synthèse des identités individuelles. Toujours est-il que définir l’identité, ne présente pas d’intérêt particulier, puisque notre regard se portera nécessairement sur le passé.
Ces questions d’identité nationale et de sa sacrosainte préservation marquent les positions en matière d’accueil des étrangers et fait resurgir le clivage intégration/assimilation. L’assimilation projette de faire rentrer dans le moule tous ceux qui, non français, voudraient rester en France, il faudrait donc que les étrangers adoptent les valeurs, les traditions et les coutumes de leur terre d’accueil, celles d’il y a 30 ans de surcroît !
L’assimilation est pauvre, elle n’est pas curieuse, pas ouverte, elle ne réfléchit plus et fait s’enliser la nation dans un entre-soi réducteur, elle est passéiste. L’intégration doit se penser, se repenser et évoluer au gré de l’identité des accueillis. Elle exige le maintien d’une réflexion qui fait d’ailleurs la vitalité d’une nation. Elle est tournée vers le futur. Force est bien sûr de constater que tout n’a pas fonctionné et que notre système d’intégration doit sans cesse évoluer. Il doit se régénérer mais abolir l’intégration au profit de l’assimilation est malheureusement aussi populiste que dangereux. Assimiler ou intégrer, c’est se contenter de ce que l’on est ou anticiper ce qu’on sera.