[Par Jean-Jules LEMA LANDU]
François Hollande a décroché pour un second mandat, en 2017. Il ne se représentera pas à sa propre succession. L’annonce a fait grand bruit, en France, jeudi 1er décembre. Tout comme elle n’a pas manqué de créer la surprise, ailleurs dans le monde. Quel sera l’impact de ce geste sur les tyrans africains, partisans de la « monarchie présidentielle » ?
Dans les pays démocratiques, on en a vite conclu à une « démarche politique courageuse », qui ennoblit davantage la notion de démocratie. Car, l’impopularité que connaît le quinquennat finissant du président Hollande, pour l’honneur, n’avait pas un autre levier que de pousser celui-ci vers la sortie.
Pourtant, le renoncement au fauteuil présidentiel, quelles qu’en soient les raisons, est un cas rarissime. Car, en l’espèce, c’est renoncer aux nombreux privilèges exceptionnels que confère cette fonction qualifiée de « magistrature suprême ». Parmi ceux-ci, citons la puissance et l’honneur, notamment, pour lesquels l’Histoire a vu couler des rivières de sang !
En France même, les commentaires continuent d’aller bon train. Ils sont de deux ordres : d’un côté, il y a ceux qui pensent que le geste du président de la République est empreint de « lucidité », témoignages émanant des leaders de gauche ; de l’autre, ceux qui ravalent ce geste, jusqu’à le qualifier « d’aveu terrible d’échec ». Ces derniers propos sont le fait de l’opposition.
Depuis, quelles ont été les réactions émises par l’Afrique politique ? Elles y sont, naturellement, absentes, sinon évasives. Et pour cause. Le continent demeure réfractaire à la démocratie. A l’exception de quelques Etats, à compter sur les doigts de la main, le reste somnole encore dans les brouillards de l’absolutisme.
La force des vertus démocratiques
L’exemple récent, sur les élections qui viennent de se dérouler, en cette année 2016, nous en fournit la mesure. Là où les élections ont donné l’apparence d’avoir bonne figure, l’atmosphère post-électorale s’enlise dans de vaines querelles politiciennes, comme au Burkina Faso, ou s’illustre par la question de vengeance personnelle, comme au Bénin. Autrement, comme ce fut le cas au Gabon, au Congo/Brazza et au Tchad, où la transparence a fait défaut, on s’attend plutôt au pire : révoltes, rébellions, guerres civiles…
Globalement, le résultat est tellement maigre, au point d’exclure l’octroi d’une simple « cote d’amour », c’est-à-dire cette appréciation basée uniquement sur l’affectif.
Le renoncement du président français peut-t-il avoir le don d’appeler les tyrans à la modestie autant qu’à la réflexion sur les méfaits de la dictature ? Rien n’est moins sûr quand l’exemple de Mandela, un Africain, ne leur a pas inspiré le modèle à suivre. En Afrique du Sud même, pays de cette icône politique, la démocratie est à la peine. Certains analystes parlent du « chaos » de ce pays, relégué déjà au grenier sur le plan économique, laissant sa place de premier rang au Nigéria.
C’est donc peine perdue ? Que non. Si Goebbels, l’Allemand, disait, pour asservir les peuples : « Un mensonge souvent répété devient vérité pour les peuples », pourquoi pas ne pas penser, en parallèle, que « la répétition des vertus démocratiques finira par vaincre les dictateurs ? ». En dépit de la lenteur qui caractérise l’éveil des peuples africains ?
En témoigne le résultat de la présidentielle, en Gambie, vendredi 2 décembre. A la surprise générale, c’est l’opposant Adema Barrow, 51 ans, qui en est sorti vainqueur. Il a engrangé 45,6 % des suffrages contre 36,7 % attribués au dictateur Yahya Jammet. Un des pires autocrates de l’Histoire contemporaine – illuminé, mégalomane et cruel -, qui a dirigé le pays de main de fer pendant 22 ans.
Qui y croirait ? Fini, le slogan « Jamais sans Jammet » !