ou « Je n’ose pas regarder la vérité face »
Un poème de Nahid SIRAJ
Traduit de l’anglais au français par Denis PERRIN,
(téléchargez la version originale ici)
Chère Seine,
Je ne connais rien du cerveau droit de Pachebel,
Mais une nuit je me suis senti prêt à quitter Paris,
La cadence du Canon a pris le dessus sur mon esprit
Et mon existence n’a pas su trouver ses racines… mais des larmes.
Supporterais-tu à jamais ces pleurs ?
Un « Paillard » arrivera-t-il à donner plus du sens à ma vie ?
Je me souviens de la nuit où tu t’es révélée toi-même
Une sorte de flot se muant en paroles
M’a fait comprendre d’où proviennent les discours.
Tu m’as amené vers cet instant précis où naît le premier mot.
Comme il était profond ton amour pour moi, Seine !
Néanmoins je désirais alors me séparer de tout
Pour un voyage désespéré.
Pour cause de cœur brisé
De volonté annihilée ?
Moi, je n’ai plus de certitudes, Seine !
Tu te souviens de ma voix effarée
Tentant de trouver le tempo de la vie ?
Oh ! J’ai cherché les sentences
Capables de m’aider à franchir l’espace qui me sépare d’elles !
Lors de la plus solitaire et inédite des nuits
Tu as bien convié des légendes suprêmes ?
Et tel l’altruiste, ont elles bien joué le plus pur des airs pour nous ?
Cela m’a donné des ailes, celles de la mélodie ; je pourrais voler, je ne pouvais pas, pourquoi ?
Existe-t-il quelqu’un qui souhaiterait le savoir,
Sur le grand écran de la pleine Lune
Et montrer le récit de Malick avec la finesse de Lubezki ?
Qu’il te soit rendu grâce car j’étais là ;à m’imprégner de « la meilleure façon de regarder ».
Sans doute as-tu œuvré au mieux à mon bénéfice, Seine !
Mais jusqu’où aller dans le consentement pour implorer la vérité ?
Jamais nous ne vénérons l’utérus du Temps.
Est-ce l’empilement de données abstraites accumulées dans ma tête,
Ou bien des images obsédantes ?
Qu’est-ce qui provoque ce séisme d’ordre chimique dans ma tête ?
Le sais-tu ? Je l’ignore, ma Seine !
Néanmoins je suis bien là, ici je dis mon amour –
Et je me sens si médiocre au point de ne pas te posséder
Tellement « académique » au point de ne pas te désirer tel ce trésor que tu es !
Note de l’auteur : Nouveau pays, nouvel environnement ; par-dessus tout, nouveau langage. Et, être confronté à des événements inattendus, voire désolants. Ma vie à Paris a commencé de la pire des manières ce qui a fortement influencé mon adaptation sociale. De fait, je suis devenu solitaire. Et cette solitude m’a fait devenir un amoureux de la Seine. J’aime profondément la Seine et elle me le rend bien. Le lien qui nous unit est particulier, tellement spécial qu’il me rappelle parfois le «réalisme magique». Le poème Nouvelle visite sentimentale à la Seine raconte le commencement de ma vie à Paris et les révélations qui ont accompagné mes nuits solitaires sur les berges du fleuve.