Nothingwood est un documentaire réalisé par Sonia Kronlund avec en vedette l’acteur et réalisateur le plus populaire d’Afghanistan, Salim Shaheen. Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs dans le cadre du Festival de Cannes 2017, Sonia Kronlund dépeint tout en nuances un portrait tendre de l’Afghanistan d’aujourd’hui.
« Shaheen est très connu en Afghanistan mais les gens rient souvent de lui, c’est ça qui est très intéressant. » a insisté Sonia Kronlund après la projection en avant-première de son documentaire, mardi dernier à Paris.
La caméra de Sonia Kronlund s’invite et suit pendant environ une semaine la préparation d’un projet de film signé par Shaheen. Les aventures du réalisateur et de son équipe font découvrir au spectateur un autre visage de l’Afghanistan, bien éloigné des rues de Kaboul et de sa réputation forgée par les interventions internationales. Le voyage vers Bamyian, l’ancien avant-poste relativement stable, dont les bouddhas majestueux ont été détruits par les talibans, dans lequel il entraîne sa bande de comédiens, tous plus excentriques et incontrôlables les uns que les autres, est l’occasion de faire la connaissance de cet amoureux du cinéma, qui fabrique sans relâche des films dans un pays en guerre depuis plus de trente ans.
Nothingwood livre le récit d’une vie passée à accomplir un rêve d’enfant.
La cinéaste française Sonia Kronlund travaille pour France Culture. Elle a visité et réalisé des reportages en Afghanistan depuis plus de 15 ans. Elle admet que «les histoires d’Afghanistan rapportées en France tendent à ne traiter que de sujets horribles comme les femmes défigurées par des attaques d’acide, etc…». Un constat qui l’a amené à tourner son premier film autour d’un sujet «plus jovial ».
Né au milieu des années 1960, Shaheen a fui les salles de classe pour se réfugier dans celles de cinéma pour regarder des films en provenance d’Inde et des fameux studios de Bollywood. Ses premières réalisations, des films de fiction aux thèmes jugés pas assez sérieux le forcent à quitter le foyer familial. Face à la censure et aux normes culturelles mises en place dans l’industrie afghane par les soviétiques puis les talibans, les films de Shaheen connaissent un certain succès populaire et s’échangent partout en Afghanistan… mais exclusivement sous le manteau.Sa relation au cinéma plus qu’étroite, est devenue vitale. Pris au milieu d’un massacre perpétré par les talibans, Shaheen reproduit ce qu’il a vu sur grand écran et « joue au mort », au milieu des corps sans vie. « Ce que j’ai appris au cinéma m’a sauvé la vie » reconnait-il dans Nothingwood.
Montrer un autre visage de l’Afghanistan aux spectateurs est certes une des ambitions (réussies) de ce film mais la dernière pensée de sa réalisatrice, Sonia Kronlund, va aux populations afghanes : « J’aimerais bien montrer mon documentaire en Afghanistan et en Iran ».
Découvrez la bande annonce du film, Nothingwood dans les salles à partir du 14 juin 2017 :