[Par Jean-Jules LEMA LANDU]
La persistance de la situation de guerre qui prévaut au Sahel, du fait de la présence des groupes armés, est à l’origine du projet dénommé « l’Alliance pour le Sahel ». Mis sur pied par la France et l’Allemagne, sous l’onction de l’Union européenne, il vise à « garantir la sécurité, la stabilité et le développement du Sahel ».
L’idée est d’appuyer l’initiative du G5 Sahel, organisation née à Nouakchott, en Mauritanie, début février, regroupant la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Tchad, le Burkina Faso. L’enjeu pour ces cinq pays sahéliens est de coordonner leur politique de développement, mais surtout celle ayant trait à la sécurité dans cette région tourmentée.
De ce fait, l’Alliance pour le Sahel veut se poser en facilitatrice des contacts entre les bailleurs de fonds, quels qu’ils soient, et les pays du Sahel. Le projet se décline en quatre axes : éducation-formation, agriculture, gouvernance, lutte contre le changement climatique.
A y voir de près, sa vision va au-delà des intérêts des pays africains, pour y intégrer également ceux de l’Europe, en matière de sécurité. Car, en ce dernier point, les deux rives de la Méditerranée sont comme interconnectées. Sans oublier la question épineuse liée à l’immigration.
Mais, qu’est-ce qui est nouveau, en cela, par rapport aux programmes traditionnels, telle que l’« Aide publique au développement » (APD) ? N’est-ce pas là du « réchauffé », un pur recyclage de vieilles recettes qui n’ont pas trouvé leur marque ?
Il y a péril en la demeure
Quoi qu’il en soit, le cas du Sahel est spécifique. De ce fait, il mérite un autre regard. Ce grand bourbier, du fait des révoltes indépendantistes des Touarègues, au Mali, depuis la période coloniale, est restée une mèche mal éteinte. Quand celle-ci se rallume, elle embrase le Niger (partagé aussi par les Touarègues), avec des effets néfastes sur toute la région.
C’est le cas, aujourd’hui, après l’occupation du nord du Mali, en 2012, territoire baptisé « Azawad » par les rebelles. D’où l’intervention, depuis, de l’armée française qui peine à éradiquer le mouvement, éparpillé dans la nature, imposant ainsi une guerre dissymétrique. La France a déployé 4 000 hommes dans cet espace devenu un sanctuaire de djihadistes, en même temps qu’une plaque tournante de divers trafics. C’est peu de dire qu’il y a péril en la demeure !
C’est pourquoi les Etats de cette partie du continent ont voulu y apporter le leur propre. Bien entendu, sans le sou. L’ONU et l’Union africaine (UA) ont simplement avalisé cet organisme sous-régional. Or, selon les évaluations, il faudra réunir près de 500 millions d’euros, par an, pour opérationnaliser une force de 10 000 hommes à fournir par les pays intéressés. L’Union européenne a promis 50 millions d’euros. La mise de la France sera de 8 millions d’euros. Restent la part de l’Allemagne, celle de bailleurs et l’écot probable du G5 Sahel.
Les observateurs demeurent sceptiques quant à la réussite d’une telle opération, se référant à la guerre du Viêt Nam, où la puissante armée américaine a fait long feu. Le cas de l’Afghanistan n’est pas moins illustratif.
Ainsi, l’Afrique du Sud paraît-elle présenter l’unique modèle à suivre, pour aboutir à la « paix des braves » : le dialogue. En dépit de quelques mésententes qui y subsistent entre Blancs et Noirs, par ailleurs, qualifiées de « bisbilles », le pays de Mandela est en train de paver son chemin de la paix.