[Par Hicham MANSOURI]
Cet article a été publié en partenariat avec le journal Kezako du Festival de Douarnenez
Sélectionner sept des meilleurs films de toute l’histoire du festival de Douarnenez, qu’une grande partie du public d’aujourd’hui n’a pas vu. Telle a été « la mission impossible » d’Erwan Moalic, l’un des cofondateurs de ce rendez-vous annuel. « J’avais envie de proposer beaucoup plus ! », plaisante-t-il. Y voit-il une sorte d’hommage ? Il tranche : « Je ne suis pas à la recherche de reconnaissances ». « Je suis fier de nous tous car la plus grande difficulté d’une manifestation c’est de durer dans le temps et en termes d’objectifs sans se tenir à des personnes. »
Erwan Moalic s’est replongé dans les 39 catalogues pour y dégoter de quoi susciter la curiosité. « J’ai essayé de trouver des convergences de plein de choses : un film qui a marqué et dont on a peu parlé, le contenu, l’émotion ou tout simplement le plaisir. » Sa sélection, c’est une fenêtre ouverte sur le monde et un miroir des fondamentaux du festival : militantisme, collectif, transmission, plaisir, émotions, curiosité, rencontre, etc. Mais ne s’agit-t-il pas d’une certaine forme de nostalgie ? « Certainement pas », poursuit Erwan Moalic. « Il n’est pas possible de penser que seuls les films d’aujourd’hui ont des choses à dire. Il y a des œuvres incroyables qui ont été produites il y a cinquante ans et même plus. C’est pareil pour la littérature ou les arts plastiques. » Pour ce passionné de cinéma, « il est nécessaire de se tourner vers le passé pour comprendre ce qu’il se passe aujourd’hui ».
Son idée, c’était donc de projeter des films importants par leur rapport à l’histoire, que ce soit celle d’un mouvement social, d’une culture ou d’un combat afin de « mettre les choses en perspective par rapport au présent ». Une idée tout à fait logique on sait que « la majeure partie du public [de cette édition] n’était pas là il y a quarante, trente voire même vingt ans ». Parmi les sept films qu’il a retenus, deux sont signés du réalisateur indien Anand Patwardhan. Erwan Moalic ne s’est pas vraiment préoccupé de respecter une quelconque représentativité géographique. « L’Inde est l’un des pays les plus peuplés au monde, qui fait le plus de films, mais qu’on voit peu sur les écrans et dont on parle rarement dans les médias, contrairement à la Chine ou à l’Amérique latine », justifie-t-il.
« C’est un honneur pour moi », rougit Anand Patwardhan. « J’aime Douarnenez car c’est un rendez-vous qui ne ressemble pas aux autres grands festivals de cinéma, où les gens viennent pour le strass et les paillettes. C’est quelque chose d’unique, une communauté de professionnels et d’amoureux du cinéma. Ici on s’amuse, on se fait des amis et on profite des films. » Anand Patwardhan était venu une première fois en 1993, lors de l’édition sur l’Inde. Il se souvient avec émotion de la convivialité bretonne qu’il avait découverte. Il se réjouit d’avoir retrouvé la même atmosphère 24 ans après. « En tant que réalisateur de films politiques qui militent pour une transformation de la société, j’ai toujours eu envie d’être présent dans des lieux comme Douarnenez, des lieux où les gens ne font pas du business, mais du vrai cinéma. »