Réinsertion scolaire des jeunes syriens : la force de l’ambition

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Réinsertion scolaire des jeunes syriens : la force de l’ambition

Quand des jeunes syriens arrivent en France, ils sont confrontés à plusieurs difficultés comme tout réfugié. Entre autres et pas le moindre, la réinsertion scolaire qui impose la connaissance du français. Pour la plupart des jeunes, il leur faut deux ans de cours intensifs pour pouvoir s’inscrire à l’école.

«Dans la vie, il faut être ambitieux», dit-on ou encore «Quand on veut, on peut».   15 novembre 2012, Ahmad S., 14 ans, avec sa mère et sa sœur, quitte Madaya, une ville syrienne assiégée par les forces loyalistes. Il vient de perdre dans les combats son frère aîné d’une année et son père. La famille est encore sous le choc des disparus, raconte Ahmad, quand elle arrive à Champagne Sur-Seine, en Seine-et-Marne dans la banlieue parisienne. Le périple en mer est traumatisant, il a duré deux mois.

Ahmad S. et sa famille sont accueillis par des volontaires de la Croix-Rouge française. Personne dans la famille ne parle français. Toutefois, Ahmad et sa sœur, 14 ans, comprennent quelques mots anglais.

A Madaya, Ahmad est en 2nde général. Depuis six mois, il n’a pas été à l’école et ça lui manque beaucoup. Son souhait le plus ardent, confie-t-il, pouvoir retourner sur le banc de l’école, revoir les enseignants l’un après l’autre,  avoir des copains, etc.  Elève appliqué, fait savoir sa mère, Ahmad a toujours eu de bonnes notes : «C’est une fierté pour la famille.»

Il rêve dès son jeune âge de devenir médecin. Et ce qu’il a vécu dans son pays le motive davantage : des victimes de guerre qui succombent à leur blessure par manque d’assistance médicale.

Etre en France représente pour lui une opportunité de réaliser son rêve. Cependant, pour que celui-ci devienne une réalité, il sait qu’il doit fournir plus d’efforts. Son pari : à la rentrée 2013, être inscrit comme tout enfant à l’école. La tâche, avoue-t-il, n’est pas facile. Il ne veut rien entendre de l’expérience des autres: des Syriens qui viennent de passer trois ans sur le sol français mais qui n’arrivent pas à s’exprimer.

Enfant migrant. Crédit UNESCO

2 janvier 2013, Ahmad s’inscrit dans une association de bénévoles à Paris qui donnent des cours de français et c’était parti ! Trois fois par semaine, il est dans le 19ème arrondissement de Paris, à Stalingrad, où il consacre douze heures à raison de quatre heures par jour.

Il s’implique : il fait régulièrement ses devoirs, revoit régulièrement sa matière et lit beaucoup. Au bout de trois mois, son encadreur lui fait passer une évaluation. «Ses résultats m’impressionnent. J’ai enseigné à plusieurs migrants venus de Syrie mais il y en a qui après deux ans n’arrivent toujours pas à écrire ou à s’exprimer correctement. Ahmad m’a surpris par son engagement et sa détermination», confirme Adrien G., encadreur.

Pari réussi. Août 2013, Ahmad S. passe un test d’évaluation au Centre d’Information et d’Orientation. Il est admis au collège en 4ème année.

Depuis, tout se passe bien. Cette année, il prépare son bac Sciences. Et il témoigne qu’il a de bonnes notes pour accéder aux études supérieures. La médecine reste son rêve.

 

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«Quand bien même on doit mendier, il faut quelques notions de français»

2011, Nawwad M., 19 ans, originaire de la région d’Alep, principal bastion de combat entre l’armée syrienne et les différents mouvements rebelles, débarque en France. Cet orphelin de guerre n’a  que 13 ans, une année de collège et ne parle qu’arabe.

Sa priorité, confie-t-il, n’est pas de faire des études mais de vivre de la mendicité. Il se trouve un bon coin sur l’autoroute A86, en banlieue parisienne, tout près de Gennevilliers.

La rue ne lui apporte rien, témoigne-t-il, parfois, il rentre même bredouille. Il y est resté deux mois seulement et il n’en pouvait plus : il tombait chaque fois malade à cause du froid et de mauvaises conditions d’hygiène.  Selon lui, l’échec de la rue est dû en grande partie au fait qu’il ne pouvait pas s’exprimer en français : «Quand bien même on doit mendier, il faut avoir quelques notions de français, les bonnes manières.»

Grâce à un bénévole, ce mineur isolé étranger (MIE, selon le jargon de France Terre d’Asile, ndlr) est accueilli et hébergé par France Terre d’Asile. Celle-ci met à sa disposition un intervenant social pour l’accompagner. Pendant six mois, il suit également des cours de français. «Quand il est arrivé, Nawwad ne parlait ni français ni anglais. La communication entre nous était difficile et à chaque fois que j’avais rendez-vous avec lui, il fallait trouver un traducteur», fait savoir son intervenant social.

Une année a passé, poursuit ce dernier, et ses performances furent remarquables. Ainsi, l’idée de retourner à l’école lui vient en tête…  En 2014, il réintègre le collège. En première année CAP, il décide de se spécialiser en restauration.

Pour rappel, depuis 2011, la crise en Syrie déclenchée le 15 mars 2011, a déjà fait plus 450000 morts dont 17000 enfants. Dans son rapport 2017, France Terre d’Asile fait un bilan de 25000 mille mineurs isolés étrangers. La Syrie bat le record.

Elyse Ngabire
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Elyse Ngabire

Journaliste burundaise, Elyse NGABIRE est licenciée en Sciences de la Communication à l’Université Lumière de Bujumbura et a également fait une année de Master en Journalisme à l’Université du Burundi. Elyse NGABIRE a commencé à exercer le métier de journalisme en 2008 au Groupe de presse Iwacu, chargée des questions politiques.

Elyse NGABIRE reste très active et continue de publier pour son journal et pour le site L’œil de l’exilé, des évènements qui se déroulent en France, en Belgique et ailleurs dans le monde. A la destruction des médias privés indépendants en mai 2015, Iwacu reste l’unique média indépendant du pays, pressions et menaces à son égard se sont multipliées.

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