Afrique « pays de merde » : mensonge ou vérité ?

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Afrique « pays de merde » : mensonge ou vérité ?

Par Jean-Jules Lema Landu, journaliste congolais, réfugié en France

Merde est un mot français qui a ses équivalents dans les autres langues. Certes, il est vulgaire mais sans plus. Qu’il prenne l’ampleur, au point de frayer la chronique au niveau universel, parce qu’il est sorti de la bouche d’un président des Etats-Unis, n’a rien de surprenant. Car la fonction de chef – et a fortiori celle attribuée au président américain – est comme sacralisée, entourée d’une aura. Le moindre souffle de celui-ci est épié, commenté, interprété en sens divers.

Nous y revenons, parce que l’actualité sur cet «incident» semble se cristalliser, surtout que l’expression «pays de merde» semble s’insérer dans le registre du vocabulaire courant. Certains médias l’emploient, citant Trump, pour exprimer indirectement tout le mépris qu’ils portent à l’égard de l’Afrique.

La question fondamentale, cependant, est celle de savoir si la saillie de Trump est fausse. Pince-sans-rire ou tout simplement gaffeur attitré, le président américain ne possédait-il pas, ce faisant, quelques arguments défendables ?

La deuxième question est celle de savoir si les personnes à qui le mot «merde» a été adressé en ont été affectées. Et, à quel degré ? Quand on parle des personnes, ici, il faut plus entendre les chefs d’Etat africains, eux qui représentent, au plus haut sommet, l’honneur de leur continent ainsi que celui de leurs peuples.

La sémantique du mot « merde »

D’abord, quel est le contenu sémantique du mot «merde» ? Consultation des lexiques faite, le constat est que ce mot recèle plusieurs sens, en majorité vulgaires ou péjoratifs : excrément de l’homme et de quelques animaux ou caca, chose sans valeur, produit toxique (usine qui jette la merde dans la rivière), etc.

Mais le même mot peut revêtir un sens qui exprime des sentiments variables (indignation, surprise, l’admiration…). Comme dans cette phrase, à la fois, interrogative et interjective : «Il t’a demandée en mariage ? Merde alors !».

L’injure face à la vérité

«Pays de merde » est-ce une injure ? La réponse est oui, puisque, dans le contexte où Trump l’a dite – sur les immigrés qui envahissent son pays – l’expression avait tout ce qui y a de mépris à l’égard de l’Afrique.

Béchir Ben Ahmed, patron de la célèbre revue Jeune Afriquepour ne citer que cet exemple – a dit de Trump que celui-ci «ne possédait que quelque trois cents mots pour s’exprimer». Autrement dit, le maître de la Maison Blanche est un «grand ignorant».

Sauf que celui-ci, a contrario, sait qu’il y a trop d’immigrés africains dans son pays, puisqu’il les aperçoit à longueur de journée. Il sait, de ce fait, que l’Afrique fait partie de l’hémisphère sud, où règnent la corruption, les maladies chroniques et la faim. Du négatif. Choses sans valeur. La merde.

Vérité irréfutable, et argument à décharge pour Trump.

Par ailleurs, le président ougandais, Yoweri Museveni, vient de le dédouaner devant les parlementaires est-africains, mardi 23 janvier, à Kampala. «Trump est un homme franc», a-t-il soutenu, avec force. D’où, face à l’injure, le profil bas qu’ont affiché tous les autres chefs d’Etat africains. Pas une seule réaction musclée.

L’Union africaine ? Inaudible. «Quand l’injure ne ment pas, celui à qui elle est adressée s’affaisse», dit un proverbe africain.

Exit donc l’excuse arguant que l’Amérique étant puissante, il valait mieux ne pas la défier. Plutôt une esquive. Puisse l’injure de Trump secouer cette Afrique, à la traine, à se réveiller !

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Jean-Jules Lema Landu

Exilé en France depuis 2003, résidant actuellement à Rennes, le journaliste a répondu aux questions des lycéens et évoqué son lourd passé. « Je suis devenu journaliste par accident de parcours et non vraiment par vocation », a -t-il souligné en préambule.
Par la suite, Jean-Jules Lema Landu s'est passionné pour son métier et n'a jamais renoncé à l'exercer, alors que sa vie était en danger : « Dans mon pays, tuer des journalistes, c'est fréquent ! ». Pour sa part, il a été emprisonné 12 fois, dans des conditions inhumaines.

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