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« Atelier de conversation » – Lutte pour la survie
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Chaque semaine, dans la petite salle « Atelier » de la Bibliothèque Publique d’Information (BPI) du Centre Pompidou à Paris, à l’abri du chaos de la métropole, une dizaine de personnes se réunit en cercle pour parler en français. Rien d’exceptionnel, sauf que pour ces personnes apprendre à parler français est une nécessité.
par Marta FALLANI
Le participants de cet atelier viennent de pays comme la Bolivie, l’Angleterre, la Turquie, la Chine, le Bangladesh, les États-Unis, la Lettonie ou l’Inde. Ils sont étudiants, hommes, femmes, managers d’entreprise, demandeurs d’asile, professeurs, jeunes, âgés, sans diplôme ou magistrats à la retraite. Ils sont tous étrangers en France. Des raisons différentes les ont amenés à Paris et le besoin, l’urgence d’apprendre le français les réunissent dans une des plus grandes bibliothèques en libre accès du monde pour converser dans cette langue qui peut être si hostile pour certains.
Bernhard Braunstein, réalisateur d’origine autrichienne résident à Paris, a voulu ouvrir une fenêtre sur ces rencontres hebdomadaires en réalisant le film documentaire « Atelier de conversation » (dans les cinémas français à partir du 7 février 2018).
Pendant un an, Braunstein, lui même ancien participant de l’atelier, a filmé les visages de personnes qui cherchent à s’exprimer dans une langue qui n’est pas la leur. L’atelier, entièrement gratuit, ouvert à tous et animé par un francophone, n’est pas un lieu d’enseignement, personne ne corrige les fautes de grammaire, mais un moment de rencontre et d’écoute. « Tous les protagonistes du film ont vécu une expérience très profonde et intense – explique le réalisateur dans sa « Note d’intentions » – Ils ont connu l’abattement et le besoin immense de communiquer que suscite l’incapacité de s’exprimer ».
Sur l’écran on voit défiler une humanité hétérogène qui aborde des thèmes communs tels que la nostalgie ou l’amour, mais aussi des sujets plus polémiques comme la politique ou la religion. Pourtant, même quand le ton est tendu, il y a entre les participants un niveau d’attention et d’écoute qu’on retrouve difficilement ailleurs. L’atelier n’est pas un lieu de débat, personne trouve nécessaire d’imposer son point de vue mais plutôt d’écouter et rester attentif à l’autre. C’est peut être dû au fait de devoir s’exprimer dans une langue étrangère qui freine les participants et les empêche de donner libre voix à leurs émotions; ou peut être dû au fait de reconnaître dans l’autre sa propre condition.
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« L’atelier est un lieu d’espoir – continue Braunstein – une digression humaine, une parenthèse, une interruption de la lutte quotidienne pour la survie. Il est le point de rencontre tolérant et exempt de hiérarchie, un creuset des nombreuses réalités de vie d’une grande ville ».
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Les chaises rouges disposées en rond, créant une sorte de « cercle sacré » dans lequel on retrouve une humanité qui parle du monde, parfaitement insérée dans la réalité extérieure que la caméra semble oublier. Au delà des murs de la salle, le réalisateur nous montre une autre humanité, celle des presque 5000 visiteurs qui fréquentent librement le BPI chaque jour, des étudiants mais aussi des personnes qui viennent pour regarder des films, lire ou rester à l’abri.
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Une scène du film, muette, en plan fixe, montre des employés nettoyer les salles vides pendant que d’autres rangent les livres. On ne peut pas s’empêcher de remarquer la couleur de peau de ceux qui nettoient, noire, et celle de ceux qui rangent, blanche.
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Pour avoir des informations sur l’atelier de conversation du BPI, cliquez ici.
Plus d’information sur le film, cliquez ici.
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