Aucun mot des autorités burundaises n’a filtré depuis le triste enlèvement du journaliste. Aucun geste de la part de la justice. Face à cette situation d’attente insupportable, ses deux familles biologique et professionnelle demandent un minimum d’efforts.
22 juillet 2016, Jean Bigirimana, journaliste au Groupe de presse Iwacu disparaissait en commune Bugarama, dans la province Muramvya. Nous ne sommes qu’à une vingtaine de kilomètres de la capitale du Burundi. Selon des sources concordantes, notre confrère aurait été enlevé par des hommes inconnus à bord d’un pick-up.
Depuis cette étrange disparition en pleine journée, ses proches n’ont cessé de demander que justice soit faite, mais en vain. Pourtant, Léandre Sikuyavuga, directeur des rédactions à Iwacu, fait savoir que son groupe a porté plainte contre X.
Pour Léandre Sikuyavuga, les autorités burundaises doivent redoubler d’efforts pour que les conditions de la disparition de ce journaliste soient connues de sa famille. A commencer par sa veuve, Godeberthe Hakizimana, ses deux fils, Don Douglas et Timmy, ainsi que des journalistes et du peuple burundais dans son ensemble.
Jean Bigirimana, va-t-il nous revenir un jour ?
« Nous sommes tristes mais restons toujours solidaires à sa famille et à celle des professionnels des médias burundais », lâche Alice Hakizimana, vice-présidente du Rassemblement des Journalistes Burundais exilés en France (RJBF).
En restant sans aucune nouvelle, explique cette ancienne journaliste à la Radio Bonesha FM et présentatrice de l’émission Club de la presse, la tendance est de continuer à s’interroger si Jean est parti pour toujours ou s’il va nous revenir. Il est inconcevable, se désole Madame Hakizimana, qu’un journaliste disparaisse au milieu d’un endroit très fréquenté et sécurisé où tout le monde connaît tout le monde.
Là où le bât blesse, poursuit-elle, c’est l’incapacité de la magistrature burundaise à suivre toutes les pistes d’enquête mises à sa disposition par certains journalistes et défenseurs des droits de l’homme et mener ses propres investigations : « ça traduit en quelque sorte un manque de volonté ».
Madame Hakizimana indique qu’elle n’accuse personne : « Les autorités burundaises devraient comprendre l’inquiétude des hommes et femmes journalistes face à cette affaire. Selon moi, si au moins, la justice pouvait être honnête avec nous et dire aux deux familles qu’il n’y a pas d’espoir de retrouver Jean Bigirimana vivant… »
Et de mettre au défi la magistrature : « Nous serions heureux d’entendre un jour dans un communiqué de presse de la garde des sceaux du Burundi que contrairement à certaines fausses informations publiées par certains médias, Jean Bigirimana est vivant. »