43% de la population mondiale possède une connexion et 3,2 milliards de personnes utilisent Internet. Parmi eux, plus de 2 milliards vivent dans des pays en voie de développement. Cependant, c’est près de 60% de la population mondiale qui reste privés d’un accès à Internet et donc à ses avantages. L’enjeu est énorme car la future révolution industrielle sera basée sur les nouvelles technologies.
Quelques chiffres sur l’inégalité des accès et des usages à internet
Selon l’UIT (Union Internationale des Télécommunications), 6 milliards de personnes ne disposent pas d’une connexion Internet à haut débit. Plus proche de chez moi, en Afrique, les 60% les plus riches ont trois fois plus accès à Internet que les 40% les plus pauvres.
En Afrique, les deux tiers de la population n’a toujours pas accès à l’électricité, ce qui constitue un obstacle à l’accès à Internet. Une étude internationale affirme que 70% des emplois d’aujourd’hui deviendront redondants dans la prochaine décennie en raison de la hausse du développement de l’économie numérique.
Ce qui est plus inquiétant, c’est le fait que les femmes, qui constituent près de la moitié de la population mondiale, auraient un usage d’Internet 12% plus bas que celui des hommes.
Compétences pour un monde connecté
Ces quelques faits et chiffres ne sont que quelques-unes des informations dévoilées lors de la Semaine de l’apprentissage mobile, qui vient de se conclure, organisée par l’UNESCO en collaboration avec l’UIT. La conférence s’est tenue au siège de l’UNESCO à Paris du 26 au 30 mars 2018.
Autour du thème « Compétences pour un monde connecté », la conférence a attiré des représentants du monde entier avec pour objectif d’examiner les compétences nécessaires pour une économie numérique et une société centrée sur les compétences numériques. Un atelier a également passé en revue les stratégies et les manières dont ces compétences peuvent être utilisées dans le contexte de l’Objectif de Développement Durable (ODD) défini par l’UNESCO.
Le poid des nouvelles technologies est immense : j’ai été surprise par le fait que 77% des emplois du futur nécessiteront des compétences numériques. Et pourtant, les femmes sont encore à la traîne dans l’acquisition de ces compétences. Les chiffres alarmants sont en flagrante contradiction avec les objectifs 4 et 5 des ODD, qui parlent respectivement d’éducation et d’égalité des genres.
Selon Mike Nxele, responsable de la Construction des Qualités Humaines à l’UIT, environ 4 milliards des personnes qui n’utilisent pas Internet, représentent jusqu’à 50% des personnes les moins susceptibles d’être finalement connectées, à cause du manque de sensibilisation et des problématiques culturelles.
« L’accès est encore un grand défi. En plus des enjeux d’accès, nous sommes toujours confrontés aux défis de financiers qui constituent de véritables barrières à l’inclusion. L’analphabétisme et la méconnaissance de la valeur et des avantages des technologies de l’information et de la communication (TIC) demeurent un sujet de préoccupation. Sans la capacité de construction, il n’y a rien à mettre à profit. Dans la société de l’information, le véritable fossé numérique sera la fracture de la connaissance », a-t-il déclaré.
Ce n’est pas une surprise puisque 13% de la population mondiale vit en-dessous du seuil de pauvreté selon la Banque mondiale et les femmes sont parmi les personnes les plus pauvres.
Un accès à internet qui dépend du genre de l’individu
Un responsable de ce programme de l’UNESCO a déclaré que le découpage qui existe entre les hommes et les femmes dans le secteur des TIC est un phénomène mondial. Une enquête a aussi été menée qui a révélé que les femmes étaient en effet sous-représentées.
« Il y a eu des cas où des filles en compétition contre des garçons ont été plus performantes. L’écart entre les moments où les filles étaient plus performantes que les garçons et l’écart entre les deux sont énormes. Cela signifie bien qu’il n’y a pas d’obstacles intellectuels. Il existe des attitudes conceptuelles qui affectent les attitudes des filles et des garçons », a-t-elle expliqué.
Prenez, par exemple, l’entreprise Airbnb. Elle ne possède aucun hôtel mais gère une affaire florissante dans l’hébergement. Uber en est un autre exemple : elle ne possède pas un seul taxi mais c’est une entreprise de transport de personnes. C’est tout simplement parce que ces entreprises ont su exploiter les opportunités offertes par l’économie numérique. Elles ont simplement une application qui sert à créer un lien entre les clients qui bénéficient de ce service et ainsi rapporte de l’argent.
Les femmes ont donc l’opportunité ici de faire de même avec leurs entreprises, et en particulier celles des services. La célèbre auteure zimbabwéenne, Tsitsi Dangarembwa, dont le travail met au défis la dynamique de genre, a donné une conférence TedTalk où elle a mis au défi les gens de se concentrer sur l’économie créative. Cette discussion m’a vraiment inspirée et m’a fait penser que c’est une affaire dont la seule ressource doit être sa créativité, ce qui sonne très vrai en termes d’économie numérique où le principal capital est la créativité. Voici quelques-unes des idées que je retiens de cette semaine sur l’éducation mobile (MLW).
Quelques pistes d’améliorations
D’un point de vue personnel et professionnel, la conférence m’a ouvert les yeux sur de nouvelles possibilités d’évolution dans ma carrière. Avant cette conférence, j’étais l’une de ces personnes qui craignaient l’influence du monde numérique sur ma profession, le journalisme.
J’étais l’une de ceux qui croyaient vraiment que l’ère numérique était l’ennemi et que les machines venaient détruire tous nos emplois. Qui peut me blâmer étant donné que les médias sociaux sont devenus la principale source d’information ?
On nous a enseigné à l’école de journalisme que les nouvelles sont des informations qui n’ont pas encore été rendues publiques. Mais au cours de la MLW, j’ai découvert que ces soi-disant ennemis étaient des amis déguisés ou des amis-ennemis (« frenemies » en anglais dans le texte) comme certains aimeraient les appeler. Ils peuvent en fait être utiles et complémentaires à nos efforts.
En tant que démocrate, je ne serais pas du genre à dire quoi faire aux autres, mais je pense que tout le monde devrait se débrouiller pour acquérir ces compétences numériques. Non seulement parce que 50% des emplois nécessitent un certain degré de technologie aujourd’hui : la finance, le divertissement, la mode, les services comme la restauration, le nettoyage, mais aussi parce que les entreprises qui ont un encrage numérique font plus de profits. Les politiciens de la vieille école comme le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa ont pris le train en marche, comme tout le monde devrait le faire.
Par exemple, les industries de la restauration et de la mode ont juste besoin de commercialiser leurs produits sur Internet et de les regarder prospérer. Cette croissance dans le e-commerce menace certaines entreprises bien établies avec des chaînes de magasins renommées comme Toys’R’Us qui ferment plusieurs de ses magasins aux États-Unis et Royaume-Uni à cause de la croissance des achats en ligne.
Des noms comme Ruby Lynn, Prisca Maguranyanga, Joyline Munikwa, Jane et Cosmas me viennent à l’esprit. J’ai regardé ces femmes zimbabwéennes développer leurs marques, commercialiser leurs affaires en ligne et en faire un succès alors qu’elles parviennent à attirer des clients du monde entier en quelques secondes.
Certaines des compétences et aptitudes qui seront essentielles à l’avenir seront : la maîtrise de l’intelligence artificielle, la recherche critique, la compréhension émotionnelle, l’attention, la pleine conscience, la réflexion, la gentillesse, la collaboration, le dialogue, la compassion et la perspective.
Le Zimbabwe, quasi absent du débat
J’ai également été surprise par le fait qu’il n’y avait pas de représentants du Zimbabwe à l’exception de Mike Nxele, qui assistait à l’événement au nom de son organisation, l’ITU. Mon cœur aspirait à voir une sorte de représentation, en particulier du Mouvement pour le Changement Démocratique (MDC) dirigé par Nelson Chamisa. La campagne électorale est basée sur les promesses d’un Zimbabwe inscrit dans le progrès numérique. Mais je suppose que c’était un peu trop espérer.
J’avais aussi le cœur brisé que le Zimbabwe ne puisse pas être représenté à une telle réunion où des idées de personnes ayant des antécédents communs ont été dévoilées. La présentation d’une zone rurale au Paraguay m’a marquée. Cette zone reculée ne dispose ni de l’électricité, ni d’une connexion Internet fiable. Ils ont quand même trouvé les moyens d’appliquer des outils d’apprentissage mobiles avec des étudiants d’une université agricole.
La présentation a mis en lumière le fait que les étudiants étaient plus engagés et comprenaient mieux grâce aux méthodes d’enseignement où au moins 80% des étudiants étaient motivés et où 81% des étudiants enregistraient une amélioration des compétences techniques.
Presque tous les intervenants partagent l’idée que ces plateformes mobiles ne remplaceront en aucun cas le travail que font les enseignants. Au contraire, ils aideront au processus d’enseignement, à capter l’attention et à la participation des étudiants.
On pourrait se demander comment l’apprentissage mobile est possible dans une région comme le Zimbabwe. Même l’approvisionnement en électricité est irrégulier et où l’accès à Internet est quelque peu limité. La réponse est simple : les leçons peuvent être téléchargées sur un lecteur flash et peuvent être utilisées en classe à l’aide d’un ordinateur portable. Les étudiants peuvent également utiliser leurs téléphones portables.
Ce n’est pas un secret que si un choix s’impose, la plupart des étudiants préféreraient sauter un repas pour acheter du crédit pour leurs téléphones portables. À propos des ordinateurs portables, ils peuvent être rechargés en utilisant l’énergie solaire, des générateurs ou même des batteries de voiture.
Il est devenu évident pour moi que nous devons combler ce vide entre nous, les femmes, et la technologie car elle est notre meilleur ami. Il m’est apparu au cours de cette conférence très informative que nous devons nous préparer à des professions qui n’existent pas encore actuellement.