La Vérité m’est enfin apparue… mais tout est relatif !

Comme un moine bouddhiste idéalement perché sur son Himalaya, le panda que je suis a tout le temps de méditer, installé au zoo de Beauval. Et ça devait arriver : entre deux songes, la Vérité m’est brusquement apparue !

L’autre jour, alors que je dégustais tranquillement mon bambou quotidien en l’espace qui m’a été dédié, un frisson s’est mis à me parcourir. NON, ce n’était pas le regard des visiteurs, ces ombres curieuses qui se pressent habituellement ici en nombre à l’heure de mon repas… NON, ce n’était pas la pluie ou bien le vent : il faisait beau ce jour-là et puis j’appartiens à une race qui s’accommode des intempéries, vous le savez bien…NON, ce n’était pas une indisposition passagère, impossible : j’ai tous mes vaccins et puis les soigneurs de Beauval veillent sur moi plus que sur tous les exilés du pays réunis…

Le panda sent car le panda sait

Je sentais pourtant bien que quelque chose allait advenir grâce à ce sixième sens qui fait tout mon charme : « le panda sent car le panda sait » comme disait Qiu, plus connu sous le nom Confucius (mais si…)

Et, enfin, elle s’est présentée à moi, de face, debout et nue dans une lumière insoutenable. J’ai cligné des yeux, baissé la tête. A cet instant précis, elle m’a dit, de sa voix caverneuse : « JE suis LA Vérité ». J’ai hésité un moment et j’ai toutefois risqué ce qui suit : « ah oui ???? Et laquelle ??? Celles des hommes ou celle des pandas ? Celles d’hier ou celle d’aujourd’hui ? Celle de l’Empire du Soleil Levant ou bien celle de celui du Milieu ? »

Disparue, comme une bulle de savon

Visiblement déstabilisée elle s’est crispée, tendue, tordue, s’est doucement estompée puis s’est éclipsée totalement. Son halo de lumière a éclaté comme une bulle de savon. Tout est redevenu normal…

…C’était… le 1er avril, ce jour unique et étonnant, ce jour des farces autorisées où les gens préfèrent s’amuser plutôt que de s’épuiser à compter et à recompter toutes les vérités qui s’affrontent sur la planète. La bonne blague… J’ai donc pris cette apparition comme telle…. Sûrement un coup de mes soigneurs ou d’un humoriste du dimanche de passage au zoo…

Ma vérité n’est pas la vôtre

En attendant le prochain 1er avril, et son lot de poissons plus ou moins frais, je vous le dis comme je le pense : ma vérité n’est pas la vôtre ET c’est bien là (faut le croire) VOTRE problème. Ma vérité est pourtant aussi crédible que bien d’autres. Elle vaut au moins autant. Et c’est pour cette simple raison qu’il conviendrait que vous preniez le temps de la jauger et de l’apprécier à sa juste valeur. Tout est relatif, ici comme ailleurs. En conclusion, rêvons un peu et faisons cohabiter nos vérités respectives et forcément respectables… Nom d’un bambou !

Crédit : Sylvie Howlett

Yuan Meng

(Traduction de Denis PERRIN)

 

L’image de cet article est issue de « Tintin au Tibet » repris du site http://fr.tintin.com

Denis Perrin

Denis Perrin est secrétaire du conseil d'administration de la Maison des Journalistes. Il contribue activement et conseille l'Oeil de la Maison des journalistes.

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