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Au coeur de la guerre : les femmes reporters en Syrie
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Cinq jours de concerts, d’exposition, de danse et de partage pour mieux comprendre la Syrie et ses défis. Du 1er au 5 août, le festival « Syrien n’est fait » a offert au public l’occasion de découvrir ce pays à travers le regard d’artistes mais également de journalistes, qui informent en temps de guerre.
Impossible de résumer en une seule phrase la situation des journalistes en Syrie. Mis à l’honneur lors de la seconde journée du festival « Syrien n’est fait« , ces acteurs de l’information étaient réunis pour parler des difficultés liées à l’exercice de cette profession.
Pami les activités du festival, une expérience de réalité virtuelle donnait au public un premier aperçu de leur situation. Plongé dans la peau d’un reporter syrien, le spectateur est devenu, le temps d’une quinzaine de minutes, témoin de manifestations, de bombardements et des ravages du conflit sur les civils : « Be the Eyes of a Syrian Reporter ».
Mais dans un pays où la guerre fait rage depuis 2011, qui sont ceux au-delà des images, encore présents aujourd’hui en Syrie? Quel est le quotidien de ces journalistes et que risquent-ils?
Trois femmes témoignent : Merna al-Hassan – Judi Arash – Shadia Taataa
A l’occasion d’une conférence Skype, le 2 août, trois journalistes présentes en Syrie ont apporté des éléments de réponses à ces questions. En arabe puis en français, elles ont livré leur témoignage devant un panel de spectateurs dont certains sont journalistes.
Depuis Idleb, ville située au nord de la Syrie, Merna al-Hassan est la première à prendre la parole. Sur l’écran, la jeune femme vêtue d’un voile violet tient d’abord à rassurer la salle sur sa sécurité. Correspondante pour la chaîne Orient TV, elle parle de sa profession comme d’une succession de défis qu’elle se dit fière de relever quotidiennement. Le premier d’entre eux : l’apprentissage des rouages de cette profession.
Comme beaucoup de journalistes aujourd’hui actifs en Syrie, Merna n’a pas suivi de formation dans ce domaine avant 2011. « Il y a énormément de syriens qui sont journalistes et qui ne l’étaient pas avant la révolution » raconte Armand Hurault, président de l’association ASML Syria.
C’est le cas de Judi Arash, aussi correspondante pour Orient TV, qui après avoir travaillé dans l’humanitaire pour le Croissant Rouge, a commencé à rapporter les événements qui se sont déroulés dans la région d’Alep. Elle est la seconde personne depuis la Syrie à prendre la parole. Pour aider cette génération de femmes et les soutenir dans cette démarche, l’association ASML Syria organise des formations. C’est d’ailleurs à l’issue d’un workshop que Shadia Taataa, a choisi de travailler en presse écrite.
Un soutien très relatif
Bombardements, déplacements… : raconter la Syrie en temps de guerre comporte des risques. A Alep, l’évolution de la situation conduit Judi Arash à quitter son quartier pour la banlieue de la ville en 2015 où Daech est alors présent. Les menaces pour sa sécurité sont réelles. Si la journaliste choisit malgré tout de poursuivre son travail, c’est notamment grâce au soutien qu’elle reçoit de locaux. Un élément fondamental qui revient dans plusieurs témoignages ce jour-là.
Pour Merna al-Hassan, ce soutien est parfois relatif. Sur le terrain il n’est pas rare que son activité provoque l’incompréhension de certains habitants qui acceptent mal de voir une femme faire du journalisme. Dans sa rédaction, Judi raconte d’ailleurs être l’unique femme sur 170 hommes.
Alep, Idleb, Homs, Raqqa… Le quotidien de ces femmes journalistes se révèle multiple en fonction de la situation de la région dans laquelle elles se trouvent.
L’histoire d’Haya El Ali est un autre exemple concret. Depuis Paris, la journaliste et ancienne résidente de la Maison des journalistes assure que son expérience ne peut faire figure de généralité. En 2013, elle filme en caméra cachée, à Raqqa l’arrivée de Daech malgré les risques et menaces pour sa sécurité.
Dans cette région où les journalistes ne sont pas les bienvenus, le niqab qu’elle porte quotidiennement lui permet alors d’enregistrer des images sans être trop visible.
Homme ou femme, dans cette situation, le danger vient du simple fait d’être journaliste. Haya El Ali tient d’ailleurs à souligner le manque de soutien reçu pour mener ce travail. A cette date selon elle, peu sont les médias qui accordent de l’intérêt à l’arrivée de Daech à Raqqa. Alors comment et pour qui raconter, si personne n’assure la diffusion de ces informations? Son histoire a depuis en France, fait l’objet d’un reportage signé France 24: La rebelle de Raqqa, diffusé lors du festival.
Ce sont d’autres difficultés tout aussi cruciales que les journalistes ont tenu à mettre en avant lors de cette conférence: le manque de financement, de moyens techniques, l’absence de protection ou encore de diffusion de leur travail. Les témoignages de ces hommes et ces femmes journalistes nés de la révolution, soulignent ainsi la complexité du conflit en Syrie et de ce travail d’information si essentielle…
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