Alassane Ouattara a fait arrêter l’un de ses farouches opposants, Damana Adia Pickass, le lundi 25 mars dernier en fin de matinée, à Accra, au Ghana. Le vice-président chargé de la politique de la jeunesse et du service civique du Front populaire ivoirien -FPI-, a été mis aux arrêts par Interpol Ghana dans les locaux du service de l’immigration, où il s’était rendu pour des démarches administratives.
Finalement ce fut une garde à vue de 24 heures. Mais à l’heure où le journaliste écrit cet article, nous ne connaissions pas la fin de cette interpellation. Entre arrestation sur un autre territoire et non application d’une ordonnance, l’affaire Damana Adia Pickass dévoile la face obscure du gouvernement ivoirien.
« Pickass s’était déjà rendu au service de l’immigration pour régulariser ses documents administratifs. Et donc, ce lundi, il y est revenu pour le retrait de ses papiers. Une fois dans les locaux, trois policiers ghanéens l’ont accosté en lui demandant de les suivre.
Il a tout de suite demandé les motifs de cette interpellation. Ils ont répondu qu’ils exécutaient un mandat d’arrêt international lancé contre lui par la Côte d’Ivoire. Pickass a rétorqué qu’il ne se sentait pas concerné.
Car, une ordonnance portant amnistie avait été prise par les autorités ivoiriennes, mettant ainsi fin aux poursuites contre les prisonniers politiques et les exilés, liés aux événements de la crise post-électorale de 2010-2011.
Les policiers ghanéens ont dit qu’ils n’étaient pas informés de cette mesure et l’ont arrêté », a confié un proche de la famille, joint par téléphone.
Une mobilisation pour sauver cet opposant politique ivoirien
Informés, les membres de la Coordination FPI en exil avec à leur tête, l’ancien ministre ivoirien du budget, Justin Katinan Koné, se sont rendus immédiatement sur les lieux.
Dans un premier temps, pour lui apporter l’assistance du parti, ensuite s’enquérir de la situation.
Depuis, des actions sont menées aux niveau des autorités ghanéennes et ivoiriennes, mais aussi, dans les médias et particulièrement sur les réseaux sociaux en vue de la libération de l’ex-leader de la JFPI.
Qui est Damana Adia Pickass ?
Rappelons que Damana Adia Pickass était vice-président au titre du FPI à la Commission électorale indépendante -Cei- , lors des élections présidentielles de 2010. Et à ce titre, il s’était opposé à la divulgation des résultats jugés « non consolidés » par le porte parole de l’institution Bamba Yacouba devant les média nationaux et internationaux.
Cette démarche violait, toujours selon lui, le mode opératoire de la Cei. Ce qui lui a valu l’exil et les poursuites du gouvernement ivoirien.
Une ordonance d’amnistie non appliquée
Dans un souci d’apaisement, le chef de l’Etat ivoirien, a pris le 6 août 2018, l’ordonnance (n°2018-669 du 6 août 2018) pour amnistier 800 personnes poursuivies et condamnées pour des infractions en lien avec la crise post-électorale de 2010 ou des infractions contre la sûreté de l’Etat commises après le 21 mai 2011.
Le ministre ivoirien de la Justice et des Droits de l’Homme, Sansan Kambilé était devant les députés de la Commission des affaires générales et institutionnelles -CAGI-, à l’hémicycle pour leur soumettre ce projet portant ratification de cette ordonnance.
Après des débats houleux, le projet de ratification de cette ordonnance d’amnistie a été voté à main levée.
Sur les 26 députés présents à la session, 19 ont ratifié le texte de loi. Les membres du groupe parlementaires Pdci-Rda, au nombre de 7, se sont abstenus.
Mais visiblement, les mesures d’application de cette loi, n’ont pas suivi. Car les pays où les mandats d’arrêt ont été envoyés, n’ont toujours pas de notification de l’annulation des poursuites.