En Afghanistan, 9 journalistes sont morts en 2019
Actualisation de l’article daté du 1er aout 2019
En juillet 2019, 37 cas de violence contre les journalistes en Afghanistan ont été déclarés.
3 meurtres – 8 blessés – 11 arrestations – 12 menaces et insultes
Ces derniers chiffres montrent une augmentation significative de la violence contre les journalistes afghans dans leur pays. Lors d’une conférence de presse à Kaboul, le comité afghan de sécurité des journalistes souhaite que le gouvernement afghan prenne toutes les mesures possibles pour prévenir la violence contre les journalistes.
Durant ces six premier mois de 2019, l’Afghanistan a perdu au moins six journalistes en six incidents différents. En 2018, l’Afghanistan était déjà le pays le plus meurtrier au monde pour les journalistes. Cette année s’annonce atrocement similaire.
Déjà 35 cas de violence en 2019 contre les journalistes et le personnel des medias enregistrés par Nai Media Institute en Afghanistan. Le décompte ne s’arrête pas là et il est sanglant : six meurtres, six blessures graves, dix-sept menaces et insultes. Il y a aussi des actions terroristes : trois attaques contre les médias et une explosion à la voiture piégée.
Ces attentats se pratiquent par vague : les forces de sécurité et médicales accourent pour secourir les journalistes ayant réchappés à l’attentat. C’est le moment choisi pour déclencher une deuxième bombe. Cette scène s’est déroulée à Kaboul l’année dernière : 9 journalistes avaient été tués dans ce double attentat du 30 avril 2018.
Récemment, les Talibans ont lancé de nouvelles menaces contre les médias en Afghanistan, en demandant l’arrêt immédiat des publicités pro-gouvernement. Être journaliste dans un pays ravagé par la guerre et les luttes intestines représente un danger permanent. Les Talibans et l’Etat Islamique sont responsables des crimes contre les journalistes et ceux qui accompagnent les journalistes. Les Talibans ont décidé que les journalistes afghans étaient dorénavant leur cible privilégié.
Janvier
Javid Noori est le premier journaliste tué dans le monde en 2019. C’était le 5 janvier. Voyageant dans un bus, il a été tué lors d’un barrage routier à Frarah, une province dans l’ouest du pays où il travaillait pour Neshat Radio, une radio locale. Javid Noori avait 27 ans.
Février
En février, deux autres journalistes sont tués par balle dans Takhar, une province dans le nord de l’Afghanistan.
Shafiqullah Arya et Rahimullah Rahmani ont été tués par deux inconnus qui sont entrés dans les bureaux de Radio Hamsada, une station de radio basée en Taloqan, ville située dans le nord ouest de l’Afghanistan. Comble de l’horreur, ils ont étés tués lors de leur émission, pendant qu’ils étaient en direct à la radio.
Mars
Sultan Mahmood Khairkwa, journaliste afghan pour Zhman TV est mort des complications après qu’il est reçu une balle dans la tête par des hommes armés se revendiquant de l’Etat Islamique.
Un autre journaliste est mort ce même mois de mars, il s’agit de Nisar Ahmad Ahmadi. Journaliste afghan, il voulait se rendre à son travail en prenant sa voiture. Mais sa voiture a explosé, piégée par une bombe. Cette fois-ci, c’était dans le sud de l’Aafghanistan. Nisar Ahmad Ahmadi travaillait avec la chaine de télévison Sabawoon.
Avril
Cette fois-ci, un homme armée a attaqué le radio journaliste, Imran Lemar. Lemar travaillait pour Mazal radio. Il a été blessé par balle par un homme armé inconnu dans la grande ville de l’est, Jalalabad, le 25 avril.
Ce même mois d’avril, le rédacteur en chef du média 1TV, Abdullah Khanjani, était frappé ou plutôt battu par les gardes du corps de la protection présidentielle. Cet événement s’est passé à Kaboul, la capitale.
Mai
Contrairement à une idée reçue, de nombreuses femmes sont journalistes en Afghanistan. Elles ne sont pas épargnées.
C’est le cas de Meena Mangal, tuée à Kaboul alors qu’elle se rendait à son travail. Sa famille a imploré le gouvernement de mettre en place une enquête pour retrouver les assassins.
Loin de la violence, Meena Mangal était amatrice de poèsie, voici son ultime poème.
Les chefs d’Etat du monde entier, dont le canadien Justin Trudeau, ont demandé qu’on se souvienne de Meena Mangal come une journaliste à l’intégrité totale qui s’est battue toute sa vie pour les droits des femmes d’Afghanistan, quelle que soit leur âge.
Meena Mangal travaillait à Tolo TV, le plus grand diffuseur privé d’Afghanistan, mais aussi pour d’autres médias. Elle était aussi conseillère culturelle à la chambre basse du parlement national d’Afghanistan.
Juin
Selon les médias afghans, le journaliste Shaki Baluch a été tué au Zabul, la province du sud d’Afghanistan, par des hommes armés. De plus, 7 employés de Shamshad TV ont été blessés dans une attaque.
Si ce début d’année sanglant pour les journalistes afghans ne choque plus l’opinion mondiale, l’appel des insurgés à tuer le plus possible de journaliste devrait attirer l’attention. Mais attention à ne pas oublier les nombreux blessés. Entre les enlèvements, les passages à tabac, les insultes, les humiliations et les blessures volontaires, être journaliste en Afghanistan c’est vivre dans la peur permanente.
De plus, nous pouvons constaté que les crimes contres ces journalistes sont dans l’ensemble du pays et non pas circonscit à une ou deux régions.
Pourtant, le gouvernement a pris des engagements répétés pour assurer la protection des journalistes. En 2018, avec 15 journalistes tués, l’Afghanistan était reconnu comme le pays le plus meurtrier pour les journalistes dans le monde. 2019 repart sur les mêmes bases.