Iran – Histoire de la résistance des femmes sous le régime des mollahs

L’Histoire écrite par les hommes passe sous silence les luttes menées par la Femme durant les 150 dernières années en Iran. Les témoignages qui permettent de vérifier ce combat ne sont plus qu’une poignée de documents, qui ont survécu à la censure des dictatures et des intégristes.

En 1979, les émeutes qui ont conduit à la chute de la dictature du Chah sont marqués par une présence de grande envergure des femmes dans ce mouvement.

Aussitôt après la victoire de la Révolution, un grand paradoxe s’empare de la société iranienne. L’élan des femmes pour une participation de plus en plus remarquée à la vie politique et sociale du pays est inconciliable avec le nouveau régime fondé par l’Ayatollah Khomeiny qui affiche rapidement des mesures qui vont à l’encontre des droits des femmes.


« Les femmes iraniennes  sont le visage de la révolte contre le régime des mollahs. »


Le califat instauré par Khomeiny tentera dès les premiers jours de soustraire la femme de la vie sociale et politique afin de la limiter le plus possible, notamment par des lois comme le port obligatoire du voile.

Quatre décennies de dictature religieuse et misogyne en Iran

Khomeiny a commencé son offensive contre les libertés des femmes iraniennes une semaine à peine après la Révolution de 1979, avec une répression de leurs droits.

La discrimination sexuelle et la misogynie sont l’essence idéologique du régime fondé par Khomeiny. C’est pourquoi il s’est mis à agresser les femmes dès son arrivée au pouvoir.

Chronologie des lois contre les femmes en Iran 

  • 26 février 1979: Le bureau de Khomeiny annonce que la loi sur la protection de la famille Légiférée sous le régime du chah va être abrogée.
  • Le 28 février 1979: La discrimination sexuelle est étendue au domaine du sport et les compétitions sportives féminines sont annulées les unes après les autres.
  • Le 2 mars 1979: Les femmes sont exclues de la magistrature.
  • Le 4 mars 1979: Le droit au divorce est accordé exclusivement aux hommes, ce qui leur permet de décider unilatéralement du divorce à tout moment de leur choix.
  • Le 7 mars 1979: Khomeiny lance une fatwa sur le voile obligatoire, obligeant les femmes à se couvrir les cheveux au travail.
  • Le 22 mai 1979: Une première femme est fouettée en public.
  • Le 12 juillet 1979: Première exécution de trois femmes accusées d’avoir commis un vice.
  • Le 30 septembre 1979: Une nouvelle loi qui remplace la loi sur la protection de la famille supprime les avantages limités accordés aux femmes par le chah.
  • Le 3 février 1980: La première directive gouvernementale est publiée, obligeant les femmes médecins et infirmières à porter le voile au travail.
  • Le 19 avril 1980: Les chanteuses sont convoquées au tribunal, intimidées et humiliées, et privées à jamais de chanter en public.
  • Le 29 juin 1980: Pour la première fois, deux femmes sont lapidées à Kerman, dans le sud de l’Iran.
  • En 1983, l’âge légal du mariage pour les filles est abaissé à 9 ans. Il sera ensuite relevé à 13 ans.
  • Selon l’article 102 de la loi répressive ratifiée en 1983, les femmes qui apparaissent en public et dans les rues sans le voile religieux sont passibles de 74 coups de fouet.

Entre 1983 et 2010, peu de nouvelles lois ont été créées. Mais depuis, le rythme des lois contre la liberté des femmes a repris. 


  • En 2010, une autre loi a été adoptée pour «diffuser la culture de la chasteté et du voile», selon laquelle au moins 26 organes gouvernementaux ont été chargés de faire respecter le voile obligatoire par les femmes iraniennes.
  • En 2012, le régime a mis en œuvre un vaste plan dans toutes les universités, imposant des quotas pour l’admission des étudiantes. Selon ce plan, il était totalement interdit aux filles dans 77 domaines d’études.
  • En 2014, le parlement des mollahs a adopté deux articles d’un nouveau projet de loi soutenant ceux qui font la promotion de la vertu et la prohibition du vice. De telles législations ont préparé le terrain à des gangs liés au pouvoir qui ont vitriolé un grand nombre de femmes iraniennes sous prétexte qu’elles ne portaient pas correctement le voile.
  • Le 16 septembre 2015, L’interdiction de voyager sans la permission du mari : Selon l’article 18 de la loi sur les passeports.
  • En janvier 2016, le parlement des mollahs a adopté un projet de loi pour protéger la chasteté et le voile. les femmes ont été soumises à de nouvelles limites de temps limitant leur travail entre 7 heures du matin à 22 heures.

Les femmes iraniennes défient les mollahs

Ces restrictions n’ont pas empêché les femmes iraniennes de se battre pour leurs droits. Après quatre décennies d’oppression inhumaine, non seulement elles ne se sont pas tues, mais elles résistent de plus en plus chaque jour.


La première série d’exécutions en juin 1981 concernait des lycéennes de 16 et 17 ans qui n’avaient même pas donné leur nom.


Au cours des deux ans et demi qui ont suivi la révolution, des milliers de jeunes filles soutenant le mouvement d’opposition des Moudjahidines du peuple (OMPI/MEK) ont été arrêtées, blessées et des dizaines tuées lors d’attaques de matraqueurs soutenus par le gouvernement.

La première série d’exécutions en juin 1981 concernait des lycéennes de 16 et 17 ans qui n’avaient même pas donné leur nom.

Des femmes enceintes ont été exécutées et des jeunes filles vierges ont été violées avant leur exécution. Lors du massacre des 30.000 prisonniers politiques en 1988, les femmes membres de l’OMPI ont été pendues par groupes entiers.

En 1999, le soulèvement des étudiants a de nouveaux éclatés dans tout l’Iran. De nombreuses étudiantes ont donné une nouvelle leçon de résistance aux mollahs. Une étudiante du nom de Fereshteh Alizadeh, a été tuée lors des manifestations. En outre, lors du soulèvement de 2009, plusieurs femmes ont été blessées et tuées, comme Neda Agha Sultan qui est morte innocente et qui est devenue un symbole de la pureté et d’innocence des femmes iraniennes lors des soulèvements.

[ATTENTION, LA VIDÉO CI-DESSOUS EST TRES VIOLENTE, ON Y VOIT NEDA AGHA SULTAN QUI VIENT DE RECEVOIR UNE BALLE, MOURRIR SOUS L’OEIL DE LA CAMÉRA, CETTE VIDÉO A PROVOQUÉ UN TOLLÉ EN IRAN]

En janvier 2018, les femmes ont joué un rôle de premier plan dans la formation des mouvements populaires.

Des étudiantes scandaient lors d’une manifestation de janvier: « Réformateurs, conservateurs: le jeu est terminé », visant la dictature religieuse, un slogan qui a mis un terme à toutes les revendications réformatrices d’Hassan Rohani et de ses factions affiliées.

Après les soulèvements de janvier 2017, une vague d’arrestations a commencé. Plus de 500 filles et jeunes femmes ont été arrêtées pour avoir participé aux soulèvements de janvier 2018.

Manifestations en novembre 2019 et janvier 2020

Les responsables et les autorités du régime ont reconnu le rôle remarquablement actif et le leadership des femmes dans le soulèvement de novembre en déclarant que « dans de nombreux endroits, en particulier dans les banlieues de Téhéran, les femmes de 30 à 35 ans semblent avoir joué un rôle particulier dans les émeutes et les troubles. La direction par les femmes dans les émeutes est remarquable« .

Le 15 décembre 2019, la Résistance iranienne a annoncé que plus de 1.500 personnes avaient été tuées par les forces de sécurité lors des manifestations de novembre. Puis, le 23 décembre, l’agence de presse Reuters a confirmé des sources au sein du régime iranien qui affirment que 400 femmes et 17 adolescents figuraient parmi les morts et les personnes assassinées.

Par ailleurs, lors du soulèvement de janvier 2020, des étudiantes ont protesté contre les tirs de missiles des pasdarans sur un avion de ligne ukrainien tuant plusieurs étudiants à bord de cet appareil. Elles scandaient: «Commandant en chef, démission! Démission!»

Le site du Guardian a également fait état du rôle prépondérant des femmes dans les rassemblements antigouvernementaux en Iran. L’article fait référence au rôle de premier plan des femmes et mentionne que de nombreux groupes se sont rassemblés sur la place centrale Azadi de Téhéran dimanche soir (dimanche 8 mars, journée inetrnationale des femmes), portant des masques et des foulards pour cacher leur identité. Elles ont affronté la police anti-émeute et des agents en civil.

A présent, les femmes iraniennes, avec leur leadership courageux et leur bravoure dans les manifestations, continueront jusqu’au renversement de toute la théocratie misogyne des mollahs et la chute de leur dictature absolue pour être effacées de l’histoire de l’Iran.

D’autres articles sur l’Iran

Massoumeh RAOUF

Massoumeh Raouf est iranienne, ancienne prisonnière politique du régime des mollahs.

En 1988, son frère de 16 ans est exécuté lors du massacre des 30.000 prisonniers politiques iraniens. Pour lui rendre hommage, Massoumeh Raouf a écrit la bande-dessinée "Un petit prince au pays des mollahs".

Engagée dans la «Campagne du mouvement pour la justice en faveur des victimes du massacre de 1988», Massoumeh Raouf se bat aujourd'hui pour faire traduire en justice les auteurs de ce «crime contre l'humanité resté impuni».

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