Dans un pays où la méthodologie de l’éducation nationale, la formation des professeurs et la corruption généralisée n’aident pas les élèves à trouver les chemins de l’école, le taux d’analphabétisme représente 75% de la population. A cela s’ajoute le manque de considération que subit les enseignants en Guinée Conakry. Les enjeux sont importants car l’impact dépasse les enjeux de l’instruction.
Depuis des années le système éducatif guinéen classique est dominé par la pédagogie des 5 pas didactique.
- le prérequis
- la mise en situation
- l’apport notionnel
- le réinvestissement
- le bilan
Ce système éducatif guinéen ne répond pas aux besoins des enfants, surtout avec une absence totale d’adaptation à l’environnement des familles qui ont plus d’intérêts à laisser leurs enfants en-dehors de l’école que de les enfermer dans une salle de classe. Instruire les enfants en-dehors de l’école aurait pu être une alternative intéressante, surtout en cette année de pandémie de Covid19.
Mauvaise formation des enseignants et grèves durement réprimées
À cela s’ajoute le manque de formation continue des professionnels éducatifs. Ils sont souvent mal payés par l’Etat guinéen et méprisés pour leur travail.
Cette situation a favorisé de gigantesques grèves comme nous vous l’annoncions dans notre article du 5 février 2020. Mais ces événements n’ont rien d’exceptionnel, cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu d’année scolaire normale, c’est-à-dire sans grève.
Éducation Nationale et corruption
La corruption s’invite trop souvent dans la relation entre l’Etat et les professeurs. Certains élèves paient des backchichs pour être admis alors que d’autres qui ont réussi leurs examens n’ont plus de place pour s’inscrire. Cette corruption baisse le niveau scolaire des classes et enferme les meilleurs élèves dans un rythme qui n’est pas assez soutenu.
Il n’y a pas que les aprents d’élèves qui paient pour que leurs enfants accèdent aux classes du collège. Des écoles trichent également. Selon des sources bien informées, une grosse affaire a eu lieu en 2019 dans la préfecture de Pita, située à quelques 400 kilomètres de la capitale Conakry. Plusieurs écoles privées auraient payées des sommes d’argent pour faire obtenir l’examen à un grand nombre d’élèves. Ainsi, l’école obtenait un taux d’acceptation anormalement élevée (maisqui prouve la qualité de l’enseignement proposé) et ce n’était pas basé sur le mérite des élèves.
D’autres accusations de corruption ont touché les délégués communales de l’éducation: ils se sont octroyé un pourcentage équivalent à 50.000 francs guinéens « FG » pour chaque prime reçu par l’enseignant. Pire, certains ont encaissé l’intégralité de la prime de l’enseignant. Il est alors très difficile pour l’enseignant de porter plainte : les chefs de l’éducation nationale sont intouchables.
Deux questions se posent auxquelles nous n’avons pas encore la réponse :
- Quelle est la valeur des résultats pour cette année scolaire perturbée par plusieurs phénomènes?
- Y aura-t-il des sanctions lorsque la fraude est avérée aux examens?