Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, est venu au Liban pour aider la francophonie. En effet, la France a décidé de financer directement les écoles francophones sans passer par l’Etat libanais. Durant son voyage, il a envoyé aux responsables libanais des messages fermes. Il faut faire des réformes.
La Conférence du Cèdre existe toujours, a-t-il souligné, mais dépend de l’issue des réformes que le Liban entreprend en premier et du résultat des négociations qu’il mène avec le FMI (Fonds monétaire internationale).
Le gouvernement libanais, en la personne de son président, Hassan Diab, a promis des réformes qui n’arrivent toujours pas.
Parmi ces réformes, celle du contrôle pénal des comptes de la Banque du Liban (passage obligé pour obtenir des financements) qui est très opaque.
Jusqu’à présent, aucune réforme n’a commencé car aucun officiel n’ose ouvrir ne serait-ce qu’un seul dossier qui montre la corruption dans la classe politique dirigeante libanaise. Ils étaient auparavant au pouvoir et ont concentré la contrebande d’argent à l’étranger via la Banque du liban et quelques autres.
Diab a également annoncé que son gouvernement est déterminé à négocier avec le Fonds monétaire international, espérant que la France contribuera à accélérer les négociations, oubliant que jusqu’à présent, ce gouvernement n’a pas atteint des chiffres clairs et explicites liés à la situation financière du pays.
Les dernières semaines et mois ont été les témoins d’une confusion entre les piliers de ce gouvernement en termes de chiffres financiers et de carences.
La France a une feuille de route pour le Liban
Jean-Yves Le Drian, qui ne paraissait pas convaincu par les propos des responsables libanais, a souligné que les conditions de sortie de la crise économique pour le Liban sont connues depuis longtemps, signe de sa critique envers la lenteur du gouvernement dans la mise en œuvre des réformes économiques.
Ce n’est pas seulement la demande de la France, mais la demande des libanais, et avec eux, de la communauté internationale. Il n’y a pas de substitut au programme du Fonds monétaire international pour permettre au Liban de sortir de la crise économique, soit le gouvernement la met en place, soit le Liban s’enfonce dans la crise.
Jean-Yves Le Drian a également appelé à des réformes dans le secteur de l’électricité, essentiel pour le développement du Liban, et dont les signes énvoyés ne sont guère encourageant. Le ministre français a souligné que la France est prête à se placer aux côtés du Liban et est également prête à placer ses partenaires à condition que les réformes soient mises en œuvre.
Et soudain, Jean-Yves Le Drian s’exclame: «Aidez-nous à vous aider!»
Sa visite diplomatique est la première depuis que Hassan Diab a assumé la présidence du gouvernement libanais.
Les écoles francophones du Liban seront aidées par le gouvernement français
Ce qui est également remarquable à propos de cette visite, c’est l’annonce française d’une aide financière estimée à 12 millions d’euros aux écoles francophones. Une étape qui malgré sa symbolique a soulagé le peuple libanais qui craignait de faire des dons financiers directement au gouvernement !
En effet, la plupart des citoyens sont convaincus que donner de l’argent à l’Etat c’est donner de l’argent qui ira directement dans les poches des fonctionnaires de l’État libanais. Les hauts dignitaires libanais pratiquent le vol de l’argent du peuple, soit directement, soit en légitimant ce vol par des lois et des décrets qui ne répondent qu’à leurs intérêts.
Comment faire confiance en ces institutions informelles lorsque l’État est un symbole de corruption ?
Le peuple libanais a perdu confiance en lui et en ce gouvernement qui n’a laissé qu’une option, celle dictée par le FMI. Après avoir gaspillé des semaines et des mois de la vie du peuple libanais (depuis la démission du gouvernement précédent qui était dirigé par Saad Hariri), ce gouvernement énumère ses fausses réalisations en faisant croire qu’elles sont faites.
Les Libanais espèrent sortir du cycle de l’effondrement économique, mais malgré leurs demandes constantes de porter les symboles de la corruption et du retour de l’argent bien dépensé comme pilier du renouveau libanais, ils se sentent incapables de faire un changement en raison de l’autorité du gouvernement.
Les libanais n’arrivent décidemment pas à faire pression sur la justice libanaise pour qu’elle bouge et sanctionne enfin ce monde politique corrompu.
Alors le message des Libanais à la France d’aujourd’hui et à la communauté internationale est le suivant: «Aidez-nous à nous aider!»