En cette période de reprise scolaire, JARIS accueille pour sa rentrée 2023 treize nouvelles personnes en situation de handicap physique, psychique ou avec des troubles du développement. Focus sur un centre de formation unique en France, avec son fondateur, Eric Canda.
Il n’y a pas que les jeunes écoliers qui pourront entendre la traditionnelle cloche de l’école, synonyme de rentrée scolaire. Au sein du centre de formation JARIS Act’Pro, qui effectue sa 18ème rentrée depuis 2005, ce sont treize personnes, des hommes et des femmes, en situation de handicap physique, psychique, ou avec des troubles du développement et d’autres autonomes âgés de 18 à 35 ans qui sont accueillis ici.
Le centre, situé au Plessis-Trévise dans le Val-de-Marne, mise depuis presque deux décennies sur l’inclusion. Son fondateur, Éric Canda, diplômé de l’École Nationale Louis Lumière, réalisateur de courts-métrages et lui-même en situation de handicap suite à une inflammation des articulations, a décidé d’ouvrir et de développer JARIS (« Journalistes Apprentis Reporters Interviewers Solidaires ») dans un but précis : garantir l’égalité des chances.
« On sait que les personnes en situation de handicap peuvent rencontrer beaucoup de difficultés dans l’apprentissage, puis dans la vie professionnelle par la suite, avec des entreprises qui ne s’adaptent pas toujours à elles. J’ai voulu créer JARIS avec toute une équipe qui soit la plus pédagogue possible pour que les personnes que nous accompagnons puisse vraiment avoir du concret dans et après leur formation », explique le cinéaste.
Les formations, qui concernent les domaines des médias, du journalisme, de l’audiovisuel, du cinéma, de l’image animée et du jeu vidéo se déroulent au total sur 490 heures réparties en 70 jours sur 4 mois, avec un stage de professionnalisation rémunéré de trois à six mois. Ce stage se déroule en immersion totale dans une entreprise adaptée selon le profil et le parcours du bénéficiaire.
Un centre de formation qui s’adapte à tout type de handicap
18% : ce chiffre a récemment été mis en lumière dans un communiqué publié par l’Unapei, premier réseau français de défense des personnes avec trouble du neuro-développement, polyhandicap et handicap : il s’agit du pourcentage d’enfants ou adolescents en situation de handicap qui « n’ont aucune heure de scolarisation par semaine ». Eric Canda, lui, ne peut pas supporter que des personnes puissent être pénalisées à cause de leur handicap.
« Notre priorité, c’est vraiment le bien-être général de tous nos bénéficiaires », insiste le fondateur de JARIS. Ainsi, le centre de formation est entièrement adapté à toute forme de handicap, avec par exemple une accessibilité prévue pour les personnes en fauteuil roulant, mais aussi une signalétique adaptée pour les personnes malvoyantes.
Pour Éric Canda, toutes les spécialités proposées par JARIS ont des objectifs communs : « On a mis en place tout un panel de spécialisations qui permettent dans un premier temps d’acquérir les fondamentaux d’un métier, d’avoir un point de vue critique, mais aussi d’avoir une expérience concrète en entreprise avec le stage en immersion. Il permet de se professionnaliser dans les métiers de l’audiovisuel ».
Une formation gratuite pour les bénéficiaires
Pour dispenser ses ateliers, JARIS Act’Pro fait appel à des experts dans leur domaine. « Nous proposons à nos bénéficiaires des enseignements dispensés par des professionnels reconnus qui sont toujours en activité, comme la chroniqueuse Laëtitia Bernard, qui est non-voyante ou encore Yves Dewulf, qui a été photographe et journaliste à France-Soir et qui est actuellement journaliste reporter d’images (JRI) à France 3. Il a plus de 10 000 reportages à son actif », développe-t-il.
Chaque intervenant a une même mission : partager sa passion, tout en s’adaptant à chaque handicap. « En cette nouvelle rentrée, nous accueillons notamment deux personnes tétraplégiques. Nos locaux sont bien évidemment adaptés pour les recevoir et pour qu’ils puissent circuler en fauteuil. Pendant plusieurs rentrées, nous avons aussi eu plusieurs bénéficiaires qui sont autistes Asperger. La règle est simple : prendre le temps avec chaque élève et être le plus pédagogue possible », détaille Éric Canda.
C’est bien pour cela que le fondateur de JARIS préfère accueillir des effectifs réduits de douze personnes, (treize cette année, “au vu de la grande qualité des candidatures”), afin que chacun puisse avoir un apprentissage à son rythme et personnalisé.
« Cette année, nous avons reçu 72 candidatures. Nous organisons différents entretiens, que cela soit en distanciel et en présentiel, afin que notre équipe soit sûre de la cohérence et du projet souhaité du candidat », distille Éric Canda.
JARIS accompagne ses bénéficiaires jusqu’à ce que ces derniers puissent trouver un emploi, ce qui peut parfois prendre deux, voire trois années. « Le coût de l’accompagnement s’élève à 12.500 euros par personne, mais il est intégralement pris en charge par nos partenaires médias, M6, France Télévisions, TF1, Radio France, Arte France ou encore France Média Monde, ainsi que Pôle Emploi et les différents conseils régionaux », précise Eric Canda. Les douze bénéficiaires n’ont ainsi rien à débourser.
Des ateliers divers et variés
Le centre de formation JARIS propose un large panel d’ateliers. Éric Canda a pris la décision de miser sur des cours pratiques et ludiques, comme des ateliers d’expression orale, de diction, de gestion du stress et de ses émotions, de comportement face à un interlocuteur, d’affirmation de soi, ou encore des mises en situation d’un entretien d’embauche. « Le but de ces ateliers, c’est vraiment que nos bénéficiaires se sentent le moins bloqués possible par leur handicap et gagnent de plus en plus confiance en eux », affirme le créateur de JARIS.
Le centre mise aussi beaucoup sur la dramaturgie, cet art de composer une pièce de théâtre… dont les treize bénéficiaires sont les principaux protagonistes. « C’est effectivement comme au théâtre, les douze personnes se mettent en scène en déterminant des obstacles qu’ils doivent eux-mêmes franchir », détaille Éric Canda. « Le premier aspect qui vient, c’est naturellement leur handicap. Ils doivent trouver les ressources pour le surmonter. Bien-sûr, on les accompagne, on ne les laisse pas livrer à eux-mêmes ! », sourit-il.
Accompagnés, notamment par Hélène Blondel, professeur de théâtre et de cinéma et comédienne depuis maintenant dix ans. « L’activité théâtrale permet de se surpasser et de repousser sans cesse ses limites, c’est un très bon exercice pratique, qui peut permettre à chacun de se découvrir des facettes parfois insoupçonnées », souligne Éric Canda.
Chaque semaine et à la fin de tout atelier, les participants de la formation JARIS sont évalués sur l’évolution des compétences acquises. L’occasion de maintenir un suivi des connaissances assimilées par les bénéficiaires.
Eric Canda se dit « très fier de la pérennité de cette structure, unique en France ». Il nourrit toutefois un petit regret : ne pas avoir réussi encore à trouver des partenariats pour développer d’autres structures semblables.
En 18 années d’existence, JARIS revendique plus de 80% de parcours d’insertion positifs. Le centre de formation a accompagné au total 240 personnes, « dont 196 sont actuellement en emploi ou ont repris des études », précise le site de JARIS. Si vous désirez postuler pour la prochaine session, vous pouvez vous rendre sur le site www.jaris.fr et cliquer sur l’onglet “inscription”. |
Crédits photos : ©JARIS
Un article de Chad Akoum – Service Civique à la MDJ –