L’impact psychologique de la chute de Bachar al-Assad sur l’Iran et son peuple

Le moment le plus beau de l’histoire est celui de la chute du dictateur. Après la chute du dirigeant Bachar al-Assad, le peuple iranien espère célébrer prochainement la chute du dictateur de Téhéran.

Assad
© capture écran Arte

Pendant plus de quatre décennies, la Syrie sous le régime de Bachar al-Assad a été l’un des alliés les plus importants du régime iranien, permettant à Téhéran d’étendre son influence dans la région. En tant que partenaire principal de l’Iran dans les guerres par procuration, le régime d’Assad a facilité le contrôle iranien sur le Liban à travers le Hezbollah.

Il a également constitué un pont stratégique pour le déplacement des forces iraniennes en Irak, en Syrie et ailleurs, y compris un corridor stratégique allant de Téhéran à Beyrouth. Cependant, la chute soudaine d’Assad après une défaite militaire rapide et inattendue en seulement 11 jours a confronté le régime iranien à un échec stratégique majeur.

Les répercussions psychologiques de la chute du régime d’Assad sur le peuple iranien est profond, en particulier pour ceux qui ont souffert sous le régime oppressif des Mollahs. Pendant des années, le régime iranien a promu l’idée que sa puissance et son influence dans la région étaient inébranlables. La perte de Bachar al-Assad constitue ainsi un coup dévastateur. 

Mais le peuple iranien ne voit pas seulement la chute d’un dictateur. Il voit la destruction d’un régime qu’il a été contraint de soutenir, malgré les souffrances qu’il a engendrées à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. L’impact psychologique de la chute d’Assad est puissant, car elle remet en question directement l’idée selon laquelle les régimes autocratiques, en particulier ceux qui ont des liens étroits avec la République islamique d’Iran, sont invulnérables.

Cet événement envoie un message au peuple iranien : même les dictatures enracinées peuvent tomber. Malgré l’apparente invulnérabilité du régime d’Assad – soutenu par l’appui total des Gardiens de la Révolution islamique (Pasdaran) et un large réseau de milices par procuration – de tels régimes peuvent être détruits par une combinaison de faiblesses internes, de pressions extérieures et de résistance populaire. Cette prise de conscience est vitale pour les Iraniens, qui se sont longtemps sentis piégés dans l’étau de la répression du régime, semblant n’y voir aucune issue.

Un symbole d’espoir pour l’opposition iranienne

Le peuple iranien et son opposition organisée ont été renforcés par la chute d’Assad. Le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), dirigé par Maryam Radjavi, affirme depuis longtemps que les jours du régime iranien sont comptés, malgré sa grande puissance militaire et sécuritaire. La chute rapide du régime d’Assad fournit aux Iraniens ainsi qu’aux partisans du CNRI, une preuve tangible que le régime des Mollahs n’est pas aussi puissant qu’il semblait.

La vision du CNRI pour l’Iran n’est pas simplement un idéal théorique. Elle est soutenue par un mouvement de résistance mené à l’intérieur du pays. L’organisation des Moudjahidines du peuple d’Iran a notamment joué un rôle majeur dans la dénonciation de la corruption du régime, y compris de ses ambitions nucléaires, et dans la planification des manifestations à travers l’Iran. Les centres de résistance des Moudjahidines, opérant secrètement au sein du pays, sont devenus une force croissante qui défie les forces de sécurité du régime, en particulier les Gardiens de la Révolution.

La chute d’Assad représente non seulement un coup pour les idéaux régionaux de l’Iran, mais aussi une preuve de la fragilité du régime iranien lui-même. Au sein de l’opposition, il y a un profond sentiment que si Assad, un dirigeant puissant soutenu par l’Iran, peut tomber aussi rapidement, le régime iranien pourrait également connaître le même sort. Cette conviction pourrait renforcer les efforts internes en Iran et insuffler une détermination à renverser le régime des Mollahs.

Pour le peuple iranien, en particulier ceux qui souffrent des conditions économiques difficiles dues à une mauvaise gestion interne et corruption, la chute d’Assad est une victoire symbolique puissante. Cela montre que même les régimes enracinés peuvent être fragilisés et que le régime actuel de Téhéran – dont les politiques ont provoqué l’instabilité dans certaines parties du Moyen-Orient – peut être renversé.

Considérations mondiales et vulnérabilité du régime iranien

Durant des années, l’Iran a poursuivi une stratégie de déstabilisation régionale, étendant son influence par son alliance avec Bachar al-Assad, le Hezbollah et d’autres forces par procuration en Irak et au Yémen. La chute du dirigeant syrien représente une fissure importante dans cette stratégie et a conduit à une situation où la capacité de l’Iran à exercer son pouvoir dans la région est sous un examen plus strict. Pour le peuple iranien, c’est un autre signe que leur gouvernement perd de plus en plus son contrôle, tant à l’intérieur qu’à l’international.

Cette vulnérabilité croissante a conduit à une augmentation de l’opposition en Iran. C’est une leçon qui résonne profondément avec le peuple iranien, qui observe la crise économique, les manifestations de grande envergure et l’instabilité croissante dans son propre pays. Le régime des Mollahs, autrefois perçu comme intouchable, semble désormais plus vulnérable que jamais.

Conclusion : Le vent du changement souffle en Iran

Pendant plus de quarante ans, l’Iran a été sous la domination d’une dictature religieuse qui a infligé de grandes souffrances à son peuple et provoqué de nombreux troubles à travers le Moyen-Orient. Le régime des mollahs a réprimé les libertés, étouffé l’opposition et maintenu une atmosphère de peur et de répression.

Cependant, le vent du changement commence à souffler. La chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie, l’un des alliés clés de l’Iran, et la montée en puissance de la résistance iranienne, montrent que l’heure du changement approche à grands pas.

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Massoumeh RAOUF

Massoumeh Raouf est iranienne, ancienne prisonnière politique du régime des mollahs.

En 1988, son frère de 16 ans est exécuté lors du massacre des 30.000 prisonniers politiques iraniens. Pour lui rendre hommage, Massoumeh Raouf a écrit la bande-dessinée "Un petit prince au pays des mollahs".

Engagée dans la «Campagne du mouvement pour la justice en faveur des victimes du massacre de 1988», Massoumeh Raouf se bat aujourd'hui pour faire traduire en justice les auteurs de ce «crime contre l'humanité resté impuni».

Comme pour tous les journalistes réfugiés politiques, l'Oeil de la Maison des journalistes garantit une Tribune Libre de liberté d'expression.

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