Géorgie. Quand la démocratie se transforme en farce

En Géorgie, Noël a eu lieu le 26 octobre, mais plutôt que d’apporter joie et bonheur, cet événement n’a semblé réjouir que le gouvernement en place. Ce que l’on pourrait appeler le Noël du Grinch a été marqué par de graves soupçons de fraudes électorales, un climat politique préoccupant empreint de l’influence persistante de la Russie.

©Mzia Saganelidze

Le magnat Bidzina Ivanichvili, Premier ministre du pays de 2012 à 2013, fondateur du Rêve Géorgien continue de déployer des ressources considérables pour maintenir son parti au pouvoir. De nombreux rapports et observateurs dénoncent de multiples cas d’achats de votes contre des sommes dérisoires allant de 15 à 100 GEL ou de divers avantages matériels.

Les élections sont censées être le reflet des choix du peuple, une expression collective des aspirations et des besoins de la population. Cependant, lorsque de tels écarts se manifestent entre les volontés d’un peuple et les résultats électoraux, des préoccupations légitimes concernant l’intégrité du scrutin sont à soulever. Les aspirations démocratiques se voient ébranlées et la confiance envers les institutions déchante. La situation actuelle appelle à une réflexion profonde sur la nécessité de réformes électorales garantissant la transparence et la représentativité. La voie vers une démocratie authentique ne se construit pas seulement par des mots, mais également par des actions concrètes visant à renforcer la confiance des citoyens.

En fin de compte, remettre en question ces processus est essentiel pour préserver les fondements d’une société juste et équilibrée. Renouer avec l’idéal démocratique nécessite une vigilance constante et un désir collectif de corriger les défaillances. Les citoyens, informés et engagés doivent jouer un rôle actif dans cette quête de transparence en s’assurant que leurs voix ne soient pas réduites à des chiffres manipulés.

Géorgie
© Mzia Saganelidze

Parmi eux figurent plusieurs champions olympiques, dont les noms ont récemment retenti lors des Jeux olympiques de Paris. Le président géorgien élu le 14 décembre dernier est nul autre que Mikheïl Kavelashvili, ancien footballeur. Que ces athlètes soient retournés en Géorgie ou non, ils ont rapidement été récupérés à leur arrivée à l’aéroport par Ivanishvili, qui les a transformés en parlementaires.

Le pays, qui aspire à une orientation européenne, se retrouve ainsi englué dans un régime qui rappelle un totalitarisme latent, déjà en place depuis douze ans. Ce qui est particulièrement déconcertant, c’est que les membres de l’actuel gouvernement travaillaient pour l’administration précédente. Ces anciens représentants qui se posaient alors en opposants à un système qu’ils dénonçaient semblent aujourd’hui perpétuer les mêmes pratiques qu’ils critiquaient auparavant. Cette situation soulève de nombreuses questions sur l’avenir démocratique de la Géorgie.

La population, qui exprime une lassitude manifeste face à des promesses non tenues, se voit contrainte de se battre pour des valeurs qui semblent de plus en plus inaccessibles. Le gouvernement géorgien a récemment remis en question ses relations établies et consolidées avec l’Europe depuis douze ans, un constat que les dirigeants européens reconnaissent publiquement. Suite à l’adoption de la très controversée « loi des agents étrangers  » le processus d’adhésion du pays au sein de l’Union européenne a été gelé. Il est particulièrement préoccupant de penser que l’avenir de la Géorgie pourrait être influencé par ses liens passés avec la Russie.

Le véritable défi réside au sein de la population, dont l’unanimité ainsi que les positions souvent changeantes influent de manière significative sur le paysage politique du pays. Il serait injuste de tenir le gouvernement seul responsable d’un recul d’une telle envergure. Ce phénomène est largement exacerbé par une frange de la société qui, malgré sa taille modeste, jouit d’une influence considérable.

En conclusion, Noël en Géorgie ressemble cette année davantage à une farce qu’à une véritable célébration. Les citoyens désirent un changement, mais la réalité politique actuelle ne laisse que peu d’espoir à un avenir meilleur. La Géorgie mérite une gouvernance reflétant les aspirations de son peuple, plutôt qu’un retour sur des pratiques passées qui n’ont fait qu’entraver son développement.

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