Ce mercredi 3 mai, la Maison des journalistes a tenu sa cérémonie d’accueil des nouveaux journalistes exilés, dans les salons de l’Hôtel de ville de Paris. Aux côtés de Jean-Luc Romero-Michel, adjoint à la mairie de Paris en charge des droits humains, et Arnaud Ngatcha, adjoint chargé des relations internationales, la MDJ a célébré la liberté de la presse avec ses journalistes et de nombreux ténors du monde de la presse : France Média Monde, Reporters sans Frontières, Ouest-France ou encore France Télévisions, beaucoup se sont joints à la célébration pour nous soutenir.
Dans un cadre solennel, au milieu des tableaux et moulures des salons de l’Hôtel de ville, douze journalistes se sont vus offrir une carte de la citoyenneté. Chaque année, la MDJ convie ses nouveaux résidents à l’événement, afin qu’ils reçoivent de la mairie de Paris cette carte, leur permettant d’accéder gratuitement à un large panel d’activités culturelles.
Grâce à elle, nos journalistes peuvent désormais découvrir les coulisses des services publics et rencontrer des élus. Elise Lucet, journaliste d’investigation, nous a fait l’honneur d’être la marraine de la promotion 2023.
Une solidarité sociale et professionnelle
Dix nationalités ont été représentées : l’Ukraine, la Russie, l’Iran, la Syrie, l’Afghanistan, Cuba, la Guinée Conakry, la Chine, Haïti et le Bangladesh. Des pays qui traversent actuellement de nombreuses crises, qu’elles soient politiques, sociales, économiques ou environnementales, et qui connaissent tous une mauvaise liberté de la presse.
L’occasion parfaite pour raffermir la solidarité de la Ville de Paris et de la MDJ envers les journalistes accueillis, et leur rappeler qu’ils peuvent jouir d’une véritable solidarité professionnelle et française. “Nous sommes là chaque fois qu’un média ou qu’un journaliste est attaqué, nous nous tenons à leurs côtés”, a par exemple salué Isabelle Parion, représentante du bureau du 15e arrondissement de la Ligue des Droits de l’Homme.
Ouest-France, France Média Monde et France Télévisions marchent aux côtés de la MDJ et des résidents depuis plusieurs années, ne s’arrêtant pas au simple soutien financier d’une chambre. Entre les reportages de Mortaza Behboudi pour France 2 ou encore les stages dans les rédactions de Ouest-France, nos collaborations ont nourri un journalisme objectif, passionné et libre.
“Le devoir de solidarité doit se traduire de manière concrète”, a martelé François-Xavier Lefranc, récemment nommé président du directoire Ouest-France. Le journal tient depuis plusieurs années un stage d’immersion pour les journalistes de la MDJ, afin de leur permettre de s’insérer dans le milieu médiatique français.
Ouest-France a toujours parlé de l’actualité internationale, et “les contacts que nous avons avec vos journalistes réfugiés sont extrêmement importants et intéressants, sur une matière que l’on veut suivre en permanence. Ils apportent un regard différent sur l’analyse de l’actualité et les manières de travailler, ce qui est toujours passionnant et très enrichissant” autant pour Ouest-France que pour nos résidents.
Les journalistes et dessinateurs, “fantassins de la démocratie”
Mais tous n’ont pas la chance d’effectuer un stage, de trouver directement du travail après son exil ou d’échapper purement et simplement à la censure. Mortaza Behboudi, journaliste franco-afghan, se rendait régulièrement en Afghanistan pour dénoncer le régime des Talibans. Depuis le 7 janvier 2023, il est enfermé dans une prison à Kaboul et est accusé d’espionnage, ayant été arrêté en plein milieu d’un tournage.
Geneviève Garrigos, élue conseillère de Paris, a tenu à rappeler que le franco-afghan, ancien résident de la MDJ, devait être libéré au plus vite. La Mairie de Paris a donc réaffirmé son appui envers sa personne et pour la presse indépendante.
“Nous savons combien, dans le cadre actuel, il est important que nous soyons mobilisés pour défendre la liberté de la presse. […] J’ai une pensée toute particulière pour les journalistes emprisonnés, en particulier Mortaza Behboudi, dont nous demandons la libération immédiate avec la Ville de Paris, car le journalisme n’est pas un crime.”
Pour Barbara Moyersoen, déléguée générale de l’association Cartooning For Peace, la mobilisation doit également s’étendre à tous les acteurs de la presse. En effet, “les dessinateurs de presse, à l’instar des journalistes d’investigation et photographes, sont parfois les premières cibles” des censure et répression de la liberté d’expression.
“Les dessins de presse vont dénoncer les travers du pouvoir ou de la société à travers l’humour et la satire, ce que les autoritarismes détestent le plus. Ce sont les premiers fantassins de la démocratie”, a-t-elle affirmé. Leur emprisonnement et les répressions qu’ils subissent témoignent de l’état général de la liberté de la presse dans un pays ou un domaine, ce pourquoi leur protection demeure si cruciale pour le monde de la presse et la Maison des journalistes.
Maud Baheng Daizey