[Par Frédéric ROY]
Le SIAO 75 (Système intégré d’accueil et d’orientation) tenait conférence mardi dernier pour présenter son bilan et inviter les travailleurs sociaux partenaires à réfléchir à la question centrale de l’évaluation dans l’orientation des demandeurs d’hébergement vers les structures auprès desquelles ils trouveront refuge.
Le SIAO 75 est un groupement de structures de l’hébergement et de l’insertion, financé par la branche hébergement et logement de la préfecture (la DRIHL). Il a pour rôle de centraliser une partie de la demande d’hébergement d’insertion à Paris et de l’orienter vers des structures sociales qui répondront à la demande première.
Puisqu’il s’agit d’insertion, les demandes sont envoyées par des travailleurs sociaux, le SIAO ne reçoit pas de demande de particuliers. Ceci dit, et c’était le sujet à l’origine des échanges, les travailleurs sociaux qui transmettent les demandes doivent systématiquement le faire avec la personne en mal logement-hébergement intéressée et renseigner un formulaire de demande se terminant par une évaluation la plus précise possible et une préconisation vers telle ou telle structure d’insertion (CHRS, Pension de Famille, Résidence Sociale…)
Les places vacantes dans les structures d’hébergement sont dans le même temps signalées au SIAO. A ce dernier d’envoyer le bon requérant à la bonne structure pour que la mise en relation aboutisse à l’hébergement du premier par la deuxième. Car, c’est bien sûr à ces deux là que revient la décision finale.
Entre offre et demande
L’idée qu’une entité tierce centralise les demandes et les offres et fasse tampon semble être juste, l’idée que cette entité soit un groupement de coopération sociale à laquelle ont adhéré bon nombre de partenaires concernés est encore plus juste.
Le problème survient cependant dans la mesure où la création du SIAO ne résout en rien le problème du décalage entre offre et demande. Chaque travailleur social travaillait, avant sa création, avec son propre réseau et essayait de trouver une solution d’hébergement pour le public qu’il accompagnait. Aujourd’hui ces relations directes ont été interrompues et le SIAO intervient systématiquement. Ceci, pour certains, ne fait que complexifier un domaine qui l’était déjà trop.
L’écart entre offre et demande se creuse (du fait du manque de structures et de l’accroissement de personnes en situation de mal-logement) et le SIAO cristallise les déceptions des travailleurs sociaux qui sans lui avaient l’impression de faire mieux. Pire, l’intermédiaire n’est lui-même pas vraiment du métier et pourtant, il remet en cause le travail d’évaluation fait lors de l’orientation et de la préconisation par le travailleur social. De plus, de ce qu’on comprend des différents échanges avec les bailleurs, les critères d’accès au logement (suite logique d’un parcours d’insertion en hébergement réussi) sont tels que l’évaluation de la situation sociale des demandeurs n’entre que peu en compte dans l’acceptation de leurs dossiers ; d’où un paradoxe difficile à intégrer entre les attentes de la plateforme d’orientation qu’est le SIAO et les résultats que sont en mesure d’attendre les travailleurs sociaux référents et leur public.
Le SIAO a été perçu comme l’organisation qui pourrait résoudre une partie du mal hébergement à Paris, or elle ne l’est pas. Le SIAO 75 assure la veille nécessaire et transmet ses observations à l’Etat, son financeur, et aux collectivités pour qu’ils ajustent leur politique avec leurs priorités.
Après 3 ans d’existence le SIAO permet donc d’y voir plus clair (il publie chaque année un rapport d’activité très complet sur la situation de l’hébergement) mais ne répondra pas à la question de l’hébergement si sa mise en place n’est pas accompagnée de la création de solutions d’accueil supplémentaires.