[Par Makaila NGUEBLA]
La situation des droits de l’Homme, la protection des civils et la lutte contre l’impunité en République centrafricaine préoccupent Amnesty International (voir le récent rapport intitulé Les ravages de la haine ). Christian Mukosa, responsable de recherches au programme Afrique d’Amnesty International, de retour d’une mission de dix-neuf jours dans plusieurs localités, a fait face à la presse, ce jeudi 06 novembre 2014 au siège de l’organisation, au 76, Boulevard de la Villette à Paris.
Une équipe de chercheurs d’Amnesty International a sillonné Bangui, Bambari, Boda et d’autres régions de la République centrafricaine pour évaluer la situation des droits de l’Homme dans le pays.
Constat alarmant.
Selon Christian Mukosa, Amnesty International partage deux préoccupations au sujet de la situation en Centrafrique. Pour le chercheur, la protection des civils et la question de la sécurité sont des problèmes extrêmement inquiétants, malgré la présence des forces internationales déployées depuis le 15 septembre 2014: « des gens sont pillés, tués. », dit-il.
Au mois d’octobre dernier, les Anti-balaka ont attaqué à Bangui les hommes de la Séléka et des groupes musulmans armés, causant dix morts.
« Ces actes de violences se sont déroulés dans Bangui au nez et à la barbe de la communauté internationale. », a déclaré Christian Mukosa, avant de s’interroger : « Qu’en sera-t-il pour les gens des villages situés loin des regards extérieurs ? ».
Il y a également le cas des civils chrétiens tués par des Peuls armés.
La Séléka, important groupé armé, est désormais partagé entre Joseph Zindeko et Ali Darassa, qui se regardent en chiens de faïence dans Bambari. « Tout peut arriver. », redoute Christian Mukosa.
Devant cette situation, la question de l’impunité demeure préoccupante pour le chercheur, qui a rencontré les deux principaux chefs religieux et échangés avec les citoyens ordinaires. Il a estimé que l’arrestation des responsables des Anti-Balaka et de la Séléka ne provoquera pas la fin du monde.
La communauté internationale interpellée.
Le chercheur a insisté sur le rôle de la communauté internationale, qui doit mettre un terme à l’impunité des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par des acteurs clés de cette crise.
La communauté internationale doit venir appuyer les efforts locaux, non seulement pour limiter les dégâts, mais aussi afin d’aider à assainir l’espace politique, préparer les élections et protéger les civils à travers des stratégies cohérentes.
M. Christian Mukosa soutient que son organisation plaide en faveur de la sécurité des citoyens et d’un Etat de droit en RCA : « nous invitons la communauté internationale à assurer la sécurité des citoyens pour un Etat de droit. » a-t-il insisté.
Et le chercheur de conclure : « Amnesty International a encouragé la présence des forces internationales en Centrafrique. ». Toutefois, il ne nie pas les efforts de celles-ci en faveur du retour de la paix en Centrafrique.