[Par Elyse NGABIRE]
A l’entrée du camp Agathon Rwasa, ancien chef rebelle et grand opposant du pouvoir de Pierre Nkurunziza, à l’assemblée et au gouvernement issus des élections contestées de 2015, le pouvoir a chanté la victoire tandis que l’opposition criait à la trahison. Mais en fin de compte, sa position n’a pas changé depuis.
La déclaration d’Agathon Rwasa, deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, ce 24 janvier, dans la province de Cankuzo a étonné une certaine opinion : « Le dialogue inter-burundais initié par le gouvernement est une perte de temps. Il est nul et de nul effet. »
Pour M. Rwasa, la crise que connaît le pays sera résolue à travers un dialogue inclusif, y compris des Burundais qui ont fui le pays.
En effet, l’ancien chef rebelle exhorte le concours de la communauté internationale pour accélérer les négociations : « Elles ne doivent pas traîner comme cela a été le cas lors des pourparlers politiques à Arusha. » Pour rappel, les négociations d’Arusha ont duré plus de deux ans (fin 1997 à 2000).
Pour les non avisés, ce discours de M. Rwasa est en contradiction avec son choix de siéger à l’assemblée nationale et dans les institutions étatiques à l’instar du gouvernement. Toutefois, Aimé Magera, son porte-parole le fustige : « Agathon Rwasa, leader historique et charismatique des Forces Nationales de Libération n’a jamais cautionné la troisième candidature de Pierre Nkurunziza. Son choix a été dicté par des militants. »
Pour tromper l’œil des Burundais et de la Communauté internationale, raconte M. Magera, le pouvoir de Bujumbura, a fait croire que la formation du gouvernement est le fruit d’un dialogue interne en pointant du doigt de façon implicite leur camp : « Or, ce même gouvernement ne nous reconnaît pas comme formation politique. »
Cette première démarche, poursuit-il, a échoué. Par la suite, le gouvernement de Bujumbura a organisé des missions de travail dans la Communauté Est Africaine en vue d’obtenir le soutien de celle-ci, explique M. Magera, en vain. La dernière stratégie du pouvoir Nkurunziza, fait savoir Aimé Magera, sera la mise en place de la Commission Nationale du Dialogue Inter-Burundais (CNDI). D’après lui, ce fut un autre échec cuisant car son patron n’y croit pas du tout en témoigne sa dernière sortie médiatique à Muramvya.
Pour M. Magera, le pouvoir ne va pas échapper pour toujours : « La légitimité sera toujours mise en cause aussi longtemps qu’il n’aura pas respecté la volonté du peuple d’élire ses dirigeants, la Constitution et l’Accord d’Arusha. »