Euro 2016 de football en France , le défi sécuritaire

[Par Léon KHAROMON]

Grève de cheminots reconduite depuis 9 jours, blocage des sites de raffinerie, poubelles non évacuées qui s’amoncellent dans les rues de Paris suite à la grève des éboueurs dans certains quartiers. Sans parler de récentes inondations dont la facture pourrait dépasser 600 millions d’euros de sinistres selon les assureurs, la coupe d’Europe des Nations de football 2016 qui débute ce vendredi 10 juin au stade de France risque de se dérouler dans une atmosphère particulièrement tendue. Au défi-socio-économique, persiste pourtant le défi sécuritaire.

(Source : AFP)
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L’Euro, troisième plus grand événement sportif après les J.O et la Coupe du Monde, va effectivement se dérouler, en France, 5 mois après les attentats qui ont frappé Paris et causé plus d’une centaine de morts, dont deux au stade de France. C’est d’ailleurs aux abords immédiats de ce temple du sport roi que les terroristes avaient d’abord frappé avant de prendre en otage des centaines de fans venus ce soir-là assister à un concert rock au Bataclan. S’en est suivi un carnage. 5 mois après, si la vie a repris ses droits, le souvenir reste vivace et les plaies sont loin d’être pansées. Au lendemain de cette nuit tragique, certaines voix s’étaient déjà levées pour demander l’annulation pure et simple de l’Euro 2016. Trop dangereux, estimait-on à juste titre dans la stupeur qui a plombé la France les jours d’après. Mais annuler l’Euro allait sonner comme une abdication tant pour les populations que pour le pouvoir.

La France n’a pas d’autre choix que de résister, quitte à décréter l’État d’Urgence afin de donner plus des moyens d’opérations aux forces de l’ordre. La mesure venait d’être prolongée jusqu’au mois de juillet, question d’assurer un bon déroulement à l’Euro 2016. «Vigipirates », le plan de lutte antiterroriste reste relevé à son plus haut niveau. « L’Euro 2016, c’est l’événement que la France attendait depuis trois ans. C’est l’Euro des superlatifs, un mini Mondial avec autant d’équipes » (24 nations), affirme Antoine Boutonnet, commissaire de police et chef de la division nationale de la lutte contre le hooliganisme. Il rappelle que cette division crée en 2009, à la suite de la mort d’un supporter au Parc des Princes, a pour objectif de coordonner la lutte contre les violences autour du sport.

Loi antigang

(Source : AFP)
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Depuis, le volet judiciaire a été augmenté dans la lutte contre le hooliganisme avec l’adoption de la loi antigang. Des échanges opérationnels entre responsables de sécurité européens se sont aussi accrus. Ainsi, pour l’Euro 2016, on verra dans les rues des villes qui vont accueillir la compétition des policiers anglais, espagnols, roumains, etc… aux côtés de leurs homologues français. Ceci permet d’éviter certains malentendus dus parfois à l’incompréhension entre des supporters étrangers et la police locale. « On échange des infos avec les services étrangers pour connaître le nombre des supporters qui viennent de l’étranger, l’endroit où ils vont loger et surtout leurs profils », ajoute Boutonnet. Un centre de coopération policière internationale s’occupera des infos sur les déplacements des supporters. Ce centre évaluera les risques sécuritaires et permettra de calibrer les solutions appropriées. Les risques sont évalués sur une échelle de 1 à 4. Sur les 51 matches, 5 sont classés à risque niveau 3. Lesquels ? Silence. Sécurité oblige.

En France, il n’existe pas cependant d’interpellation préventive, comme dans d’autres pays, notamment en Belgique où le bourgmestre peut demander l’interpellation préventive d’une personne suspecte. Il reste qu’en Hexagone, la police peut prendre un arrêté pour limiter le déplacement de certains individus.

Fouilles et palpations du corps

(Source : AFP)
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À ce dispositif, s’ajoute le renfort de compagnies de sécurité privées qui seront opérationnelles aux abords, à l’entrée et à l’intérieur des stades et des « fans zones ». Ces dernières, contrairement aux années précédentes, seront aussi placées sous haute surveillance avec des portiques spécialisés pour la détection de métaux et autres objets interdits. Les fouilles de sac et les palpations corporelles seront renforcées, tout en veillant à la fluidité de la circulation. «Ce sera un travail délicat. Fouiller méticuleusement les sacs et les personnes et éviter en même temps un encombrement des foules aux entrées de sites choisis pouvant devenir des cibles », indique Antoine Boutonnet. Après avoir été triés sur le volet, quelques 600 agents de sécurité ont été recrutés sur base d’un contrôle approfondi de leurs profils. 200 autres ont été recalés pour raison de « profil non conforme aux exigences sécuritaires » ou tout simplement pour avoir eu un casier judicaire un peu chargé. Même si le risque zéro n’existe pas, les pouvoirs publics ne voudraient en prendre aucun. On attend plus au moins 5 millions de personnes dans les 10 fans zones érigés. Les maires des villes déconseillent la diffusion des matches en terrasses de bars.

 

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