Une Voix forte s’est élevée au Nord !

« I AM A REFUGEE »

Premier jour de la Convention Nationale sur l’Accueil et les Migrations a Grande-Synthe. Juste après les restitutions des ateliers qui sont fait par mes confrères de la Maison des Journalistes et moi-même, j’ai entendu une chanson. Sous les lumières de la salle de concert de Palais du Littoral Grande-Synthe, des centaines de personnes avait chanté en même temps avec le groupe HK et les Saltimbanks: Refugee, I am a Refugee…

Nous avons déjà dit tous ensemble : « Je suis Charlie ». Pas seulement les français, le monde entier a repris ce slogan. « Nous sommes tous des Arméniens » fut scandé en Turquie après l’assassinat de Hrant Dink en 2007.  Cette fois, dans le froid d’une nuit d’hiver particulièrement glaciale à Grande-Synthe, nous avons proclamé : « Je suis Refugee ».

Durant deux jours, élus, acteurs de la société civile, acteurs institutionnels, chercheurs, étudiants, journalistes, curieux,  personnes migrantes et réfugiés se sont réunis à Grande-Synthe.

Un atelier autour de l’hospitalité

J’avais la chance de participer à l’un des ateliers : « (re)penser les hospitalités: initiatives d’élues en tant que « grand témoin ».

Pendant cet atelier, 9 intervenants ont expliqué leurs expériences de l’accueil. Une des intervenants, Pauline Saget, a souligné que contrairement à la rhétorique de peur qui domine la société et qui est utilisée par les politiciens populistes de l’Europe,  « la migration est une chance ».

Une autre intervenante, Myriam Laidouni Denis, a rappelé un fait simple parfois oublié : « avant d’être des étrangers, les réfugiés sont avant tout des êtres humains ». Nous devons donc trouver la réponse à la question : « Comment peut-on être heureux ensemble ? Puisque nous tous sommes tous dans le même bateau. »

D’autres participants ont soulevé des problématiques récurrentes. Parmi eux, Philippe Bouyssou qui pendant son tour de parole, a appelé l’Europe et l’état français à « prendre sa responsabilité » devant la crise d’accueil des réfugiés. Violaine Carrere valorise dans son discours toutes les initiatives et les manifestations qui sont réalisées par des petites organisations et qu’il est absolument nécessaire de rendre visibles. « La médiatisation, c’est porter à la connaissance du grand public des événements qu’ils ne connaissent pas et qui pourtant existent ».

A la fin de cet atelier, j’ai eu la chance de travailler avec deux étudiants de l’École Supérieure de Journalisme de Lille, Margot Turgy et Bado Vincent, avec qui j’ai préparé un résumé des moments les plus importants de cette réunion. Vous pouvez découvrir notre travail par ce lien.

Au cœur du débat sur l’immigration : un accueil catastrophique ?

A Grande-Synthe, le deuxième jour a été consacré aux tables rondes. La thématique de cette deuxième table ronde « l’accueil des migrants et des réfugiés en France ».

Pour animer ce débat : Catherine Wihtol de Wenden – Politiste et directrice de recherche CNRS (CERI – Sciences Po) ; Aurélien Taché – Député LREM et l’auteur des 72 propositions pour modifier la politique d’intégration ; Benoit Hamon – Fondateur du mouvement Génération.s et ancien candidat à l’élection présidentiel 2017 pour le parti socialiste ; Pierre Laurent – Secrétaire national du Parti Communiste Français ; Patrick Doutreligne – Président de ADOMA, anciennement nommée la Société nationale de construction de logements pour les travailleurs.

Dublin: « Une vision myope »

Madame Wihtol de Wendenmet met en lumière les recherches sur l’accueil en France. Or, les migrants sont « très mal accueillis » et ce n’est pas nouveau, la France accueille mal les migrants depuis longtemps. Cependant, « mal accueillir » les étrangers ne diminue pas les chiffres des demandeurs d’asile en France.

Monsieur Doutreligne, Président d’ADOMA, a beaucoup critiqué cette hospitalité en soulignant que « le premier accueil est catastrophique ». Qui plus est, ce premier accueil est aggravé par la réglementation de Dublin  qui ne fonctionne pas.

Comment peut-on renvoyer les réfugiés en Grèce ou en Italie, deux pays foudroyés par des crises économiques et politiques successives ? « C’est « une vision myope » aux conséquences dangereuses ».

Monsieur Doutreligne a également critiqué les nouvelles lois de migration proposées par le gouvernement français du Président Emmanuel Macron. Il considère ces lois controversées comme « répressives ». Il critique les propositions et constate que durant l’élection présidentielle, les positions du candidat d’En Marche étaient beaucoup plus ouvertes qu’aujourd’hui. En conséquence, la loi de migration a été beaucoup critiquée. En particulier, la diminution  de la durée lors d’une demande d’asile. Bonne initiative en soi, mais quels sont les moyens accordés à l’OFPRA pour accélérer les processus ? Cette information n’est pas communiquée.

A la fin de ces prises de paroles, le Président d’ADOMA a souligné l’importance de l’apprentissage du français comme facteur primordial d’intégration.

Améliorer la loi sur l’immigration

Monsieur Laurent du Parti Communiste constate que la mondialisation a renforcé une inégalité entre les gens. « Il faut améliorer la loi » et « il est faux de dire la France n’est pas près de faire ce qu’il faut faire ».

Ancien candidat de l’élection présidentielle en 2017, Benoit Hamon est aussi contre la loi. Benoit Hamon dénonce cette loi qui ne sert pas les besoins de la société. Elle suit une opinion qui est créé par la peur. Découvrez ici l’interview exclusive de Benoit Hamon sur la politique étrangère française et l’accueil des migrants.

Devant toutes les critiques par rapport a la loi, Aurélien Taché, auteur des propositions pour le gouvernement français en exercice, n’a pas répondu aux critiques. Il partage le constat sur l’immigration, particulièrement les problèmes d’accueil.  Cependant, Aurélien Taché n’a pas défendu ses propositions et nous sommes donc restés sur une critique actuelle au lieu de débattre de la pertinence des solutions proposées.

A la fin de toutes les tables rondes, Monsieur le Maire de Grande-Synthe, Damien Careme a pris la parole : « C’est juste un départ. On va combattre contre le racisme et les préjugés ».

Pendant la convention, un manifeste réalisé dans une dynamique d’être ensemble et réunissant les associations, les ONG et les élus a été publié. C’est à découvrir ici

Beraat Gokkus

Journaliste turque réfugié en France. Résident de la Maison des Journalistes.

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