Je me rappelle quand je vivais en Turquie, on disait comme ça : “Mais non en Turquie quand même, ça ne peut pas nous arriver. Nous sommes une République. Ce n’est pas un pays du Moyen-Orient”.
“Ça ne peut pas arriver” est arrivé.
Depuis 2016, à peu près 200 médias ont été fermés par le pouvoir. Des centaines de journalistes ont été envoyées en prison. La Turquie est ainsi devenue « la plus grande prison au monde pour les journalistes ». 150.000 personnes sont limogées de leur poste. La constitution est changée, le système politique aussi. La séparation du pouvoir est détruite par R.T. Erdogan.
Mercredi 18 avril 2018, Erdogan a changé la date d’élection après une réunion avec Devlet Bahçeli, le leader du parti de l’extrême droite du parti MHP. Lui aussi sera candidat pour cette élection présidentielle, mais cette annonce d’élection anticipée a pris de court toute l’opposition. Comment s’organiser en 2 mois ?
La Turquie va donc aller aux urnes pour choisir le Président en juin 2018 sous l’état d’urgence. Normalement, l’élection présidentielle était prévue pour le… 3 décembre 2019.
Pourquoi manifester ? Pourquoi faut-il manifester ?
Pour dire qu’après avoir choisi un président : “Nous sommes toujours ici”. Parce que bien entendu, la démocratie ne veut pas dire juste « les élections ». Il ne faut pas dire : “nos institutions sont fortes, ça ne peut pas nous arriver, à nous, jamais”. Il ne faut jamais lâcher. Au lieu de “liker” ou “partager” sur Twitter ou Facebook, parfois il faut être dans la rue.
Il faut marcher tranquillement avec la paix et sans violence. Juste pour donner le message : “N’oublies pas que nous sommes toujours là et présent”. Car tout est possible, tout peut arriver… même en France.